De Zurbaran à Rothko, collection Alicia Koplowitz au musée Jacquemart-André
Quel plaisir de pouvoir visiter à Paris les trésors réunis par un collectionneur privé et de découvrir ainsi des œuvres jamais vues !
Surtout lorsque cette collection est le hobby d’une femme, l’une des plus riches femmes d’Espagne, flamboyante financière à la tête d’un groupe d’investissements et de gestion de fortunes, et au premier rang la sienne, évaluée à 2,4 milliards de dollars.
Alicia Koplowitz a choisi Paris pour y exposer sa collection. Sans doute parce qu’elle se souvient de sa première visite au Prado quand elle avait 7 ans et qu’elle était élève au lycée français de Madrid … L’art est ainsi devenu sa passion et ces tableaux et sculptures sont chacun le résultat de ses coups de cœur.
En parcourant les salles de ce petit musée, (par la taille, seulement !) on partage l’émotion de cette femme d’affaires redoutable, orpheline très jeune mais dont la réussite professionnelle éclatante se traduit aussi en acquisitions judicieuses.
La présentation des tableaux est chronologique, avec naturellement une forte présence d’œuvres espagnoles.
Goya, Zurbaran, Juan Pantoja de la Cruz et son extraordinaire portrait de Dona Ana de Velasco y Giron en tenue de mariée auréolée d’une fantastique fraise de dentelle mais cachant mal son air mélancolique, de belles peintures d’artistes italiens ayant travaillé en Espagne : Guardi, Canaletto, les frères Tiepolo – j’ai adoré deux pastels de Lorenzo Tiepolo dont la femme portant des navets … mais impossible d'en retouver une reproduction sur la Toile !
Autre salle, autre période : voici Gauguin et ses femmes au bord de la rivière, Toulouse-Lautrec et le calme de sa liseuse, un vase d’œillets de Van Gogh une douce sculpture représentant un braque par Rembrandt Bugatti.
Retour à l’art espagnol avec trois peintures de Picasso dont le demi-nu à la cruche de la délicieuse période rose et Tête et main de femme de 1921. Ma préférence va cependant à ce petit tableau au fusain et à la gouache qui date de la jeunesse de celui qui signe P. Ruiz Picasso et n'a ncore que 18 ans : Portait de jeune homme (Daniel Masgoumeri) peint en 1900 … Quand on vous dit que le génie n’attend pas le nombre des années !
Plus loin encore, deux portraits de femme époustouflants : la femme au grand chapeau de Kees Van Dongen et la rousse au pendentif de Modigliani.
L’exposition se termine par les peintures contemporaines : De Kooning, Rothko, Tapies, Gonzales, de Staël, et les sculptures de Giacometti, Louise Bourgeois et son araignée, Germaine Richier – élève de Bourdelle – et par deux grands tableaux de Miquel Barcelo : Lac jaune et Kula Be Ba Kan.
Un survol inédit de la peinture européenne depuis le XVIème siècle jusqu’à nos jours, à voir et à savourer.
De Zurbaran à Rothko, collection Alicia Koplowitz/Grupo Omega Capital au musée Jacquemart-André jusqu’au 10 juillet. Ouvert tous les jours à partir de 11 h 45. 158 boulevard Haussmann – Paris 8ème. 13,50€