Le 3ème Gédéon, seinen manga historique de Taro Nogizaka
C’est toujours émouvant de commencer une série … Et le fait que l’auteur ait choisi de situer cette nouvelle aventure pendant la Révolution française l'est encore plus … Ce n’est pourtant pas la première fois puisqu’il y eut « La Rose de Versailles » (Lady Oscar) de Riyoko Ikeda ou « Innocent" de Shin'ichi Sakamoto.
Ce premier épisode présente les principaux personnages, en cette année 1788. Le « bon » et le « mauvais ». Gédéon, jeune père philosophe, ex-enfant vendu qui écrit anonymement des libelles libertins pour boucler ses fins de mois. Il est le père d’une toute jeune fille, Solange et a pour projet de se faire élire comme représentant du Tiers-Etat aux Etats Généraux convoqués par le Roi Louis XVI.
Son contraire est Georges, duc de Loire, qui a pendant plusieurs années partagé la vie de Gédéon alors recueilli par son père, jusqu’à ce qu’un accident ne les sépare.
Autant Gédéon est pétri de l’esprit des Lumières et se voue à la défense des plus faibles, autant Georges de Loire veut, lui aussi, renverser la société, et par les voies les plus violentes. Comme par magie, il surgit auprès de Gédéon dans les moments les plus dramatiques et en profite pour y pratiquer une cruauté extrême, qui contraste avec son physique androgyne d’ange de l’apocalypse. Il entretient auprès de lui une sorte d’équipe de supporters : un géant ramené des Amériques et un jeune homme de 21 ans, particulièrement amer, un certain Louis-Antoine de Saint Just. Et il a pour conseil un jeune avocat, connu pour avoir défendu quelques années auparavant un notable ayant installé sur sa maison un paratonnerre : Maximilien de Robespierre.
Le décor est donc planté, même si l’on y met en scène une bien étrange "police montée " et le que le manoir du duc de Loire a l’aspect extérieur d’un château japonais.
Si les deux protagonistes combattent pour la cause de la Révolution, on voit bien que l’un se rangera dans le clan des justes, et l’autre dans celui des criminels sans pitié. De la même façon, on admire l’esthétique poussée du dessin – à comparer avec le « Cesare » de Fuyumi Soryo - la beauté physique des deux héros, et par contraste, la violente cruauté des combats et la forte densité des mouvements, bien dans la tradition manga. Tout est en place pour le combat ultime du bien – la liberté et l’égalité – et du mal – la Terreur.
Je serai attentive à la façon dont les auteurs japonais traduisent cette période mouvementée de notre histoire, Vivement le prochain épisode !
Le 3ème Gédéon, Volume 1 traduit par Yohan Le clerc, supervision historique par Satoshi Yamanaka, publié par Glénat, 208 p., 7,60€