Rembrandt intime, exposition au musée Jacquemart-André
En cette période où Paris semble déserté, la visite d’une exposition qualifiée d’«intime » est apaisante. Au départ, il y a les trois tableaux de Rembrandt acquis par Nélie Jacquemart et Edouard André pour leur fabuleuse collection : Les Pèlerins d’Emmaüs (1629), le portrait d’Amalia von Solms (1632) et le portrait du Docteur Arnold Tholinx (1656) ;
Trois tableaux représentatifs de trois périodes du peintre hollandais que nous connaissons principalement par son prénom : Rembrandt (1606 – 1669). Où l’on découvre son extraordinaire talent de portraitiste, de maître du clair-obscur, son activité de graveur particulièrement minutieux. Il réalise peu de dessins préparatoires mais saisit en quelques traits nerveux des impressions fugaces. Il préfère commencer directement sur la toile ou la plaque de cuivre. Les sujets bibliques et religieux sont importants : fantastique vision des trois croix, présentation du Christ « Ecce Homo », fuite en Egypte … La modernité du trait, la justesse des postures sont émouvantes.
Naturellement, on savoure les autoportraits : l’artiste en a produits 80 ! Il a une façon très personnelle de rendre la chevelure bouclée, avec des traits de manche de pinceau directement dans la matière picturale pas encore sèche, alors que le visage est tracé à petites touches très légères, avec une sorte de sfumato à la manière de Léonard … mais parfois aussi, des grands traits de matière brute, comme le fera plus tard Manet. Splendeur du portrait de son épouse Saskia en Flore … et de son fils Titus lisant. Rembrandt est d’une modernité folle.
C’est une exposition charnelle, humaine, actuelle … intime, effectivement. A mettre en parallèle avec l’ouvrage de Philippe Abastado : « Naissance de l’humain en peinture » qui décrypte l’état de santé du peintre à travers les symptômes observés dans ses autoportraits successifs. Une visite à faire le matin, dans le calme.
Cela tombe bien, il n’y a pas trop de monde et on a tout le temps d’analyser chaque œuvre. Je regrette seulement le vitrage qui reflète les spots : il faut se déplacer plusieurs fois avant de trouver le bon angle.
Ne pas manquer la vidéo explicative – sa première partie tout au moins. Car la séquence où l’on montre la reconstitution statistique d’un tableau de Rembrandt par « collage » informatique de tous ses portraits antérieurs n’est pas du tout convaincante …
Rembrandt intime au Musée Jacquemart-André jusqu’au 23 janvier, 158, boulevard Haussmann 75008 Paris, ouvert 7j./7 de 10 à 18h. 13,50€