Oscar Wilde, l'impertinent absolu, exposition au Petit Palais
C’est un people avant l’heure. Né à Dublin en 1854, mort à Paris en 1900. Sans aucun doute un surdoué, bardé de diplômes universitaires. Il est francophile et francophone, jusqu’à écrire sa pièce « Salomé » directement dans notre langue, et qu’il destine, pour le premier rôle, à Sarah Bernahardt, fréquentant Prosper Mérimée, Stéphane Mallarmé, André Gide, Pierre Louÿs.
Il commence par être un critique d’art pertinent. Son expertise commence avec les peintres préraphaëlites – j’adore – comme Millais (Ophélie), Dante Gabriel Rossetti ou Evelyne Pickering – jusqu’à l’Art Nouveau.
Il n’a écrit qu’un seul roman – "Le portrait de Dorian Gray" – étincelant, et plusieurs pièces de théâtre dont nous apprécions particulièrement « L’éventail de Lady Windernere », « L’importance d’être Constant », « Le mari idéal » … encore jouées régulièrement à Paris.
Je connaissais son parcours, en particulier le fait qu’il ait été marié et eut deux garçons, sa condamnation en 1895 pour « actes profondément immoraux » (homosexualité) à deux années de travaux forcés. Il faut entendre Robert Badinter expliquer combien fut cruelle son incarcération : cet homme qui n’aimait rien tant que parler était soumis à l’isolement, il devait, les mains en sang, dénouer des cordages pour la Royal Navy – sans bénéficier d’aucune mesure de clémence. Il y écrivit deux des es oeuvres majeures
Oscar Wilde, ruiné, vint à Paris après avoir purgé sa peine, pour y mourir …
A l‘heure où la Grande Bretagne envisage de réhabiliter les personnes autrefois condamnées pour homosexualité, il est grand temps de se souvenir quel flamboyant personnage était Oscar Wilde …
Mais dans un pays aussi corseté que l’Angleterre victorienne, on peut aussi comprendre la réaction du père du jeune lord Alfred Douglas qui le traîne devant un tribunal : les photographies qui sont exposées nous montrent un jeune homme assez « absent » auprès d’un dandy ventripotent bien plus âgé que lui …
Très émouvant aussi de voir les manuscrits de l’auteur, d’une écriture très régulière, pratiquement sans ratures … ses croquis et ses caricatures ainsi que les images très « mises en scène » qu’Oscar Wilde à composées aux Etats-Unis avec et pour le photographe Napoléon Sarony pour faire la publicité de son cycle de conférences en 1882 : des bas de soie et une culotte « ancien régime », un manteau et une canne, de long cheveux séparés par le milieu …
Enfin, ne pas rater aussi l’interview du petit-fils d’Oscar Wilde qui dit combien son grand-père n’était pas la caricature qu’on veut bien nous en livrer … Ce touche-à tout de génie était seulement en avance d’un siècle sur son temps !
Oscar Wilde, l’impertinent absolu, exposition au Petit Palais jusqu’au 15 janvier, tous les jour sauf le lundi.