Les Rubens de Marie de Médicis au Louvre
Sans les brillantes émissions* de Waldemar Januszczak sur BBC four, je crois que nous n’aurions jamais apprécié la peinture baroque européenne. Et, par exemple, la série exceptionnelle de peintures commandées à Rubens (1577 - 1640) pour exalter la vie et la carrière de la reine Marie de Médicis, qui se trouve aujourd’hui au Louvre. Une visite à deux pour occuper un dimanche particulièrement pluvieux ...
A détailler en commençant par « Les Parques filant le destin de Marie de Médicis » puis à suivre dans le sens des aiguilles d’une montre : l’éducation de la reine, son mariage par procuration (1600), le débarquement de la jeune épousée à Marseille, la rencontre avec son mari, le couronnement et, pour point d’orgue, l’immense tableau représentant « l’enlèvement au ciel » d’Henri IV et la prise de régence de la reine.
Jusqu’ici, je trouvais les peintures officielles (grands thèmes religieux, peintures mythologiques, scènes historiques) de Rubens affreuses à la différence de ses merveilleux portraits, même les plus officiels : des chairs opalescentes étalées, des symboles difficilement lisibles pour la culture de notre temps...
En réalité, cette série de gigantesques toiles destinées à la décoration du palais du Luxembourg, nous apparaît aujourd’hui comme une bande dessinée en très grand format. Commandée à la fin de 1621, lorsque Marie de Médicis est autorisée à revenir à Paris après une première réconciliation avec son fils, la série de 24 toiles (en tout 294m² !) a été terminée en 1625.
J’admire la performance du peintre, même si, en l’occurrence, il a certainement fait appel à des membres de son atelier … C’est d’une très grande inventivité et d’une parfaite cohérence. Toutes les ressources de l’iconographie symbolique sont mises à contribution : Henri IV est portraituré en Jupiter (souverain volage …), tous les dieux de l’Olympe, les trois Grâces, les héros accompagnent la souveraine.
Marie est représentée en déesse de la Justice, et même casquée sous l’armure de la combattante lors de la seule occasion où elle participa à une bataille (la prise de Juliers).
L’œuvre de composition du maître est cependant particulièrement délicate lorsqu’il faut évoquer les querelles récurrentes de la mère et de son fils, la réconciliation, l’exil final …
Voici un témoignage éblouissant d’un des plus grands peintres de notre civilisation. On aime ou pas, mais on reste médusé devant la profusion, le mouvement, la composition, les couleurs et les formes humaines …
En un mot, c’est Baroque !
A voir au musée du Louvre, aile Richelieu, deuxième étage, salle 18.
* Emissions à suivre sur la chaîne Histoire ...