Ingrid Desjours, rencontre avec un maître du thriller
Elle est toute menue dans un jean serré et un chemisier blanc brodé ton sur ton, avec ses cheveux d’une extrême finesse, légèrement bouclés, peu de maquillage, un tout petit reste d’accent belge … Elle a l’âge de mes filles puisqu’elle est née en janvier 1976 et pourtant : elle publie son huitième roman, fait l’ouverture de la nouvelle collection de Robert Laffont dédié au thriller : « Bête Noire » avec son livre "Les Fauves".
C’est Ingrid Desjours, que j’ai découverte grâce à Babelio qui m’avait invitée, avec de nombreux autres lecteurs – majoritairement féminins – à rencontrer et échanger avec cette auteure à succès. Elle raconte comment, au soir du 7 janvier, elle est restée scotchée sur les chaînes d’information continue, ne pouvant pas écrire une ligne de plus du roman qu’elle avait en cours, profondément bouleversée. Comment elle s’est documentée, a rencontré des jeunes attirés par une certaine spiritualité et se sont auto enrôlés via le darknet, parfois par folle générosité, s’est fait conseiller par un spécialiste de la protection rapprochée.
Une femme qui m’est apparue profondément sincère et accessible, sensible et heureuse de rencontrer son public. Difficile pourtant de l’imaginer devant son clavier, décrivant des scènes de crimes aussi abominables que l’ouverture de « Potens » ou le viol contraint par les Talibans dans « Les Fauves ». Il est vrai que sa formation de psycho-criminologue (profileuse) lui a apporté une expérience unique des noirceurs de l’âme humaine, et aussi des ravages post-traumatiques affectant les militaires revenus de l’enfer.
J’avais une question, un peu saugrenue sans doute : que signifie pour elle la notion de défenestration qui apparaît dans les deux livres que j’ai lus d’elle. Visiblement, j’ai touché un point sensible puisque son éditeur lui a dit « ça suffit », mais elle n’a pas fourni de réponse …
M'a étonnée aussi sa réponse à la question : quel est votre roman préféré, quelles ont été vos influences : elle a évoqué immédiatement les mythes de la Grèce antique, les légendes, cité Maupassant .... Verrons-nous bientôt un roman sur le thème d'Oedipe, ou des Atrides ?
Son actualité : elle travaille à l’adaptation d’un de ses romans en une mini-série télévisée de trois fois 52 minutes pour ARTE et nous a expliqué comment l’écrivain est soumis à de nouvelles contraintes pour transposer ses personnages à l’écran, un exercice qui la passionne.
Une heure en compagnie d’une créatrice au style superbe, une Elizabeth George ou Ruth Rendell en puissance : un moment de grâce à côtoyer l’excellence.
Merci à Babelio …