Les vies multiples d'Amory Clay, roman de William Boyd
La critique de Claude :
Depuis 1984, William Boyd, écrivain britannique, nous a livré une vingtaine de romans.
La plupart racontent la vie entière et donc l’itinéraire, d’un personnage, souvent de modeste origine, mais dont les circonstances font un véritable héros, tels qu’un petit cinéaste, une espionne « sans grade », un cadre d’assurance, un chirurgien, un chercheur en climatologie, une scientifique.
Amory Clay, photographe et photo-journaliste, ne fait pas exception : elle n’a pas froid aux yeux, quand, sur les conseils de son oncle et formateur Greville, elle organise un scandale photographique dans l’Angleterre coincée et répressive de l’entre-deux guerres, ou quand elle se glisse en première ligne dans les cols des Vosges durant les combats de l’hiver 44-45. Et que dire de sa décision d’aller photographier le Vietnam en guerre, à plus de soixante ans ?
Elle n’est pas plus timide dans sa vie privée, où elle séduit des hommes qui en valent la peine, mais les deux guerres mondiales détruiront à petit feu son père et son mari, figure de Chef écossais qui fait penser à Lord Lovat, héros du Débarquement.
Elle ne se sortira que difficilement d’une mauvaise rencontre dans les rues de Londres avec les Chemises noires fascistes de Mosley, le Hitler de poche des Anglais.
Boyd cumule les deux talents qui font un grand romancier : l’imagination, qui produit un récit haletant, et le cœur, qui confère à ses œuvres un grand potentiel d’émotion. Les dernières pages sont à cet égard pleines de sens.
Au total, c’est un nouveau chef d’œuvre que nous offre l’auteur : laissez vous tenter.
Les vies multiples d’Amory Clay, roman de William Boyd, traduit par Isabelle Perrin - Le Seuil, 517 p., 22,50 €