Dolce vita ? Du Liberty au design italien (1900 - 1940)
Une exposition passionnante pour ceux qui, comme moi, sont fans d’Art Nouveau, mais qui se gagne car le fléchage du Musée d’Orsay est pour le moins ésotérique : en fait, c’est au 5ème niveau et c’est donc une nouvelle occasion de parcourir à nouveau la galerie des Impressionnistes !
Liberty est le nom donné en Italie au style Art Nouveau. et n'a rien à voir avec les étoffes imprimées anglaises. La période étudiée recouvre 40 ans, une époque de fantastique créativité, non seulement dans le domaine pictural mais surtout pour les arts décoratifs : ébénisterie, céramique, ferronnerie, verrerie de Murano, architecture … c'est aussi la période d'arrivée au pouvoir du fascisme en Europe.
Certains des créateurs exposés sont bien connus comme Giorgio de Chirico et sa peinture
métaphysique et aussi celle de son frère Andréa, Carlo Bugatti et ses meubles démentiels.
La présentation chronologique permet de mieux saisir l’évolution de ces artistes épris de modernité et de références antiques, dans une nation unifiée depuis peu de temps (1861).
Une façon de découvrir des designers particulièrement productifs : le verrier d’art et peintre vénitien (fortement influencé par Klimt) Vittorio Zecchin, Eugenio Quarti, Federico Tesco, les meubles rouges de Marcello Piacentini créés pour sa fille Fiammetta, les céramistes Galileo Chini et surtout Gio Ponti qui fut longtemps directeur artistique de la fabrique de céramiques Richard Ginori.
Insensiblement, on passe du style postimpressionniste à la reconstruction de l’univers par les futuristes – ce mouvement fondé en 1909 par le poète Tommaso Martinelli – qui cherche à saisir l’éternelle vitesse omniprésente.
Retour au classicisme avec Felice Casorati et le portrait de Silvana Cenni (ici à gauche), ou Ubaldo Oppi et sa belle vénitienne a la robe verte, puis à partir de 1925, sous l’influence de W. Gropius et Le Corbusier, le Groupo 7 et le mouvement rationaliste italien, c'est la naissance du design moderne, toujours d’actualité aujourd’hui.
L’étonnement vient de la complexité de la période (ce qui semble exprimé par le point d’interrogation après Dolce vita) et de l’émergence du fascisme.
L’exposition ne traite que peu d’architecture, sans doute pour ne pas trop parler politique. Néanmoins, on admire un vase intitulé « La marche sur Rome », très explicite, et un portrait équestre de Benito Mussolini par Antonio Donghi, bien représenté ici avec Le Baptême et Circus (en haut à gauche en 1934).
En tout, une centaine d’œuvres très majoritairement inédites, mais dont certaines sont des acquisitions récentes du musée (comme la célèbre procession des rois mages de Vittorio Zecchin).
Dolce vita ? Du Liberty au design italien (1900 – 1940), au Musée d’Orsay, jusqu’au 13 septembre.