Un secret du Docteur Freud, roman par Eliette Abecassis
Eliette Abécassis nous entraîne dans l'ambiance angoissante et le décor ultra chargé des deux dernières années de vie du vieux Docteur Freud, au sein de sa famille à laquelle il tient tant, avec son épouse adorée et ses six enfants, et en particulier Anna, sa dernière fille qui sera sa continuatrice.
Nous voici transportés à Vienne en 1938, au lendemain de l'Anschluss, et les nazis ont naturellement déjà décidé d'éradiquer tous les Juifs en général et les psychanalystes en particulier. C'est la tâche à laquelle s'est attelé Anton Sauerwald, un chimiste renommé, récemment converti à la cause nazie par son épouse qui se fait un devoir d'éplucher cjer les comptes du vieillard et de sa maison d'édition pour y découvrir un motif de condamnation à mort.
Mais rien n'est simple : la belle Princesse Marie Bonaparte, à la fois patiente et élève douée du docteur Freud, à laquelle rien ne résiste et qui dispose de moyens financiers incommensurables, va tout mettre en œuvre pour permettre le départ de Sigmund Freud et de sa famille en Grande-Bretagne.
Lui ne veut pas quitter Vienne, il ne se résout pas à laisser derrière lui ses sœurs âgées et malades qui souhaitent rester et surtout surtout, il veut récupérer ses lettres écrites jadis à son collègue, confrère, alter ego Wilhelm Fliess, un oto-rhino-laryngologiste berlinois avec lequel il a échangé une correspondance très intime, très fructueuse – 284 missives 17 années durant – mais qu'il redoute de voir publiées.
Ce livre est un prétexte pour décrire les grands principes de la psychanalyse née de la réflexion non seulement de S. Freud mais aussi de sa confrontation avec ses disciples, des patients, des contradicteurs comme Carl Jung, ou avec un homme paradoxal et aux théories fantasques comme W. Fliess avec lequel Freud finit par se brouiller.
Le « secret » ? Un prétexte, pas vraiment une révélation. On reste un peu sur sa faim et je me languis des aptitudes de l'auteure à créer le suspens, avec quelques crimes bien sanglants, comme dans ses précédents ouvrages. Là, on connaît le dénouement dès le départ et la surprise est inexistante.
Il en reste une auto-analyse intéressante de Freud lui-même, de sa relation passionnée mais finalement trahie avec son confrère, et aussi de l'acte d'écrire. Le vrai secret est là : « il grattait sur le papier ce qu'il voulait graver dans son cœur, et de son corps, ses mains refermées autour de la plume, il transcrivait ses pensées qui lui étaient révélées alors même qu'il les écrivait ; car ainsi naît l'idée. Ecrire lui permettait d'aimer réfléchir et d'aimer. »
Un ouvrage qui permet d'approcher les notions fondatrices de sexualité enfantine, de meurtre du père, de complexe d'Oedipe, d'inceste, d'hystérie. Mais qui signifie aussi que cette discipline, largement répandue en Europe à la suite des adeptes de S. Freud et Marie Bonaparte, peut facilement aussi être mal interprêtée si elle est confiée à de mauvais praticiens ...
Un secret du docteur Freud, roman par Eliette Abécassis publié chez Flammarion, 193 p. 18€.