Je vais passer pour un vieux con, par Philippe Delerm
C’est à la fois ma première expérience d’un audio-livre et d’un ouvrage de Philippe Delerm. Une étrange sensation : pour moi, mais je dois être extraordinairement rétrograde, un livre est fait pour être lu. J’ai décidé, là, de consacrer les deux fois cinquante minutes nécessaires, à seulement écouter. La voix et le talent du lecteur, Pierre Arditi, apporte mille nuances à ces courts textes ciselés qui nous apportent ces mille et une touches aussi justes que cruelles, et ressortent d’un magistral talent de maniement de la langue française.
Pour autant, je dois avouer être restée sur ma faim.
Voici donc un catalogue de 42 expressions courantes, une suite de petits riens de la vie moderne – la marque de fabrique de Philippe Delerm – issue du langage habituel de la classe bourgeoise et pseudo-intellectuelle, et, pour certaines, déjà datées. Il me revient à l’esprit une expression savante revenue de je ne sais quelle circonvolution de mon cerveau reptilien : « colliger des apophtegmes » qui signifie : réunir des préceptes, des sentences, adages et paroles mémorables. Pour en faire quoi ? Nous faire réfléchir ? Philosophie de bazar, selon moi.
Donc, voici un festival de petites phrases, une décortication minutieuse de nos petites manies ou réflexes, mais ici déclamées avec brio par un comédien qui n’a plus rien à prouver et qui visiblement y a pris du plaisir. On sourit, on se dit « moi aussi, cela m’arrive de sortir de tels lieux communs, je vais me garder de retomber dans un travers aussi ridicule… ». Bref, ce n’est pas désagréable, mais pas forcément nécessaire. Je croyais d’autre part pouvoir écouter en occupant mes mains à une activité plus utile comme du tricot, mais non, j’étais fascinée par la voix, notant de temps à autre des « chevilles », du verbiage.
On m’a offert cet audio livre dans le cadre de l’opération « masse critique » du site Babelio qui me permet de faire des découvertes de lectures infinies, je l’ai donc écouté jusqu’au bout. Sans doute l’aurais-je lu sur papier plus efficacement, car la lecture procède d’une alchimie étrange, celle de se représenter les situations et les personnages, alors que là, je pensais très fort à la publicité de la banque LCL !
Un dernier regret : l’éditeur ne cite à aucun moment ni aucun endroit sur l’emballage élégant et sobre, le nom des auteurs et interprètes des intermèdes musicaux qui ponctuent les différents textes. C’est bien dommage !
Je vais passer pour un vieux con et autres petites phrases qui en disent long, par Philippe Delerm, publié sous forme d’ « audiolib », en 2 CD - 1 h 40 - texte lu par Pierre Arditi, publié par les Editions du Seuil, 17 € (14,50 € en version papier).