Statines or not Statines, that is THE Question
Depuis quelques semaines, un livre défraye la chronique et devient un best-seller : le Guide des médicaments utiles, inutiles ou dangereux, des professeurs de médecine Philippe Even et Bernard Debré.
Comme tous les ans en octobre, je subis la révision générale auprès de mes différents médecins spécialistes : cancérologue, cardiologue, rhumatologue … Eh oui, avec mon passé de tuberculeuse, cancéreuse, cardiaque et hypercholestérolémique …. J’ai de quoi faire.
Alors, très inquiète des échos de la Presse au sujet de ce livre, j’ai à tous posé l’angoissante question de l’opportunité du traitement par les statines et de la meilleure façon de faire baisser mon taux de cholestérol et d’améliorer mon coefficient HDL/LDL.
Quelques éléments de réponse : le livre en question est écrit par deux professeurs de médecine éminents mais depuis longtemps éloignés de la pratique quotidienne des vrais malades.
Philippe Even est pneumologue, et la lecture de sa notice sur Wikipédia est fort instructive sur le déroulement de sa longue carrière .... Chacun connaît d’autre part Bernard Debré, urologue, dont l’activité principale depuis bien des années est de remplir son mandat de député – ancien ministre de la coopération en 1994-1995 – du seizième arrondissement. En tous cas, aucun des deux n’est pharmacologue.
Bref, si je ne me mêle certainement pas de critiquer ou de démêler les fils de cet ouvrage, je m’inquiète de certaines allégations concernant l’utilisation des statines (en particulier le Crestor) qui, c’est vrai, coûtent fort cher à la sécurité sociale, mais ont été le seul médicament réussissant à faire baisser mon taux de cholestérol significativement. Et, comme je présente tout de même un risque de récidive d’infarctus, mon collège de médecins me dit de continuer, même si les effets secondaires sont pénibles : douleurs musculaires chez moi - mais j'ai aussi de l'arthrose - , mais pour beaucoup de patients hommes, il paraît que c’est surtout une baisse de la libido, beaucoup plus grave ...
Et ce ne sont pas les seuls médecins à prétendre que le cholestérol soit un bienfait et que toute tentative de le faire baisser est inutile voire dangereuse. Le Docteur Michel de Lorgeril tient un blog uniquement consacré à ce sujet et, à tous les patients qui l’interrogent il répond : lisez mes livres !
Inquiétant. Qui croire ? Qu’il y ait sur le marché bien des médicaments de confort que l’on pourrait dérembourser, et ainsi alléger le lourd fardeau de la protection sociale, c’est certain. Que certains patients pourraient choisir de ne pas faire supporter à la collectivité leur soif de médicaments, c’est vrai aussi, qu’il soit nécessaire de réformer le système de contrôle de la mise sur le marché de vrais nouveaux médicaments, c’est certainement nécessaire (cas du Médiator, qui était régulièrement prescrit comme coupe-faim, c'est à dire pour une autre pathologie que celle pour laquelle il avait été conçu). Qu'il soit opportun aussi d'alerter les patients de la dangerosité d'utiliser à tort et à travers des médicaments dont on devient vite dépendant (somnifères, anti-dépresseurs) ou inutiles (antibiotiques) : OK.
Mais que l’on sème le doute chez des malades peu informés et qu’on les pousse à stopper spontanément la prise de médicaments sans en référer à leur médecin traitant au risque d’accidents cardiaques graves, est-ce raisonnable ? Non, c’est grave, Docteur !