Le bruit des glaçons, film de Bertrand Blier
Déroutant, délirant, déprimant ? Pas du tout.
Un hymne à l'espoir que la mort n'est qu'un passage, qu'il ne faut pas en avoir peur, que bien souvent, la vie n'en est plus une...et que, au final, Dieu seul décide du lieu et de l'heure.
Mais c'est tout de même crâne de traiter du cancer comme ça, sans tabou, avec une sensibilité et un humour...massacrants !
Bien dirigés, Jean Dujardin - qui peut décidément tout interpréter - et Albert Dupontel - l'envoyé du Diable au poil frisé et au rire cruel - entament un dialogue acéré et percutant. Mais le personnage le plus émouvant est sans conteste celui de Louisa, la belle Anne Alvaro - celle qui nous avait tant émus dans "Le goût des autres" d'Agnès Jaoui (elle avait reçu le César de la meilleure actrice pour un second rôle dans ce film). Elle est amour, compassion, générosité, beauté dépassée mais vibrante. Et une découverte dont on reparlera dans quelques années : Emile Berling, le fils de Charles sans doute. Un beau garçon....
Il y a une grande et sévère maison, dans le Gard. Avec des patios, une piscine, des poteries d'Anduze, un panorama de vignes. Mais cette maison ne porte pas chance aux parisiens successifs qui l'achètent. Et puis survient, puis s'impose, sans prévenir, Le cancer. Celui du héros, romancier à sec d'inspiration mais totalement imbibé de vin blanc - environ 6 bouteilles par jour. Celui de Louiza aussi, qui guette son sein, un cancer minable, mais qui peut laisser vivre. C'est Myriam Boyer qui le dit. Mais rien ne se passera comme les intrus le supposent. Le scénariste a prévu un rebondissement, malin, invraisemblable, mais qu'importe. On marche parce qu'on a tellement envie de marcher.
Tout de même, un film à ne pas mettre entre toutes les mains, en tous cas pas sous les yeux de ceux ou celles non pas qui ont eu un cancer - moi, j'ai beaucoup aimé - mais qui viennent de perdre un être cher.