La Roche-sur-Yon : souvenirs, souvenirs.....
La paisible préfecture de la Vendée fait la Une ce matin : à six heures, le Préfet a été réveillé en fanfare par une manifestation de producteurs de lait protestant contre la baisse de 30% des cours. On lui a apporté un petit déjeuner avec du beurre d'AOC Charentes-Poitou...Les manifestants se sont ensuite dispersés pour aller....traire leurs vaches (source : Europe 1).
Cette actualité brûlante, délivrée alors que nous étions nous-même bien au chaud sous la couette en dégustant notre petit déjeuner, nous a ramenés, Claude et moi, 38 ans en arrière. Précisément en 1971, peu de temps après la nomination de Claude au poste de Directeur de cabinet du Préfet de la Vendée. Nous venions de débarquer, par un pluvieux matin de Pentecôte, dans cette ville aux vêtements un peu trop larges pour elle à l'époque, une cité conçue par Napoléon pour tenir une région en guerilla blancs contre bleus latente, faite pour les casernements et le logement des fonctionnaires.
Les manifestations paysannes étaient plus dures qu'aujourd'hui : déversement de lisiers, de fumier, envahissement progressif des bâtiments et occupation de la salle du Conseil général à l'occasion d'une réunion "structures" (à Vannes, quelques mois plus tard), lumières, cris, vociférations, montées d'adrénaline (on va dire comme ça) - surtout après 17 heures...
Cependant à la Roche-sur-Yon ce printemps là, sans doute pour le pas faire perdre la face au jeune Préfet qui était apprécié pour ses compétences et son charisme, l'information avait "filtré". A trois heures du matin, heure fixée pour le siège de la Préfecture, le Préfet et son jeune Directeur de Cabinet étaient à leur bureau, sanglés dans leur costume trois pièces - à l'époque l'élégance consistait à porter le gilet assorti au complet-veston - prêts à recevoir dignement une délégation de manifestants.
Moi, j'étais dans mon lit, aux premières loges puisque l'appartement du Directeur de Cabinet est au premier étage de l'aile droite du bâtiment rue de Lille, juste à l'aplomb des grilles....Tremblante. C'est égal : nous avons gardé d'excellents souvenirs de notre jeunesse, et laissé des amis très chers.
Il faut croire qu'aujourd'hui, les agriculteurs subissant les fluctuations des cours du lait sont plus raisonnables. C'est certain, avant la crise économique, les cours ont terriblement grimpé.....mais, comme les cours de bourse, les arbres ne montent jamais jusqu'au ciel.