Chéri, film de Stephen Frears
Avec Chéri, Stephen Frears renouvelle le délice d'un film "en costumes", raffiné et respectueux comme il y a vingt ans avec ses "Liaisons dangereuses". Pas étonnant, puisqu'il réunit à nouveau le même scénariste et une actrice étincelante : Michelle Pfeiffer. J'ajoute aux qualificatifs de ce film : précision, élégance, subtilité, langueur et raffinement....
Un supplément de plaisir pour moi : les décors et costumes du plus pur style "art nouveau" puisque l'héroïne, Léa de Lonval, habite un hôtel particulier dessiné par Hector Guimard, les personnages se meuvent dans des tapisseries et des couleurs soyeuses à l'extreme, vont passer de longs moments au Palais à Biarritz.....
C'est une simple et rerrifiante histoire d'amour entre deux personnes "à la marge", séparées par vingt années, et qui vont laisser, inéluctablement mais cruellement, s'échapper le bonheur. C'est aussi une histoire de méchancetés féminines, de rosseries feutrées, de sourires masquant les coups bas, d'égoïsme masculin : Colette en connaissait un rayon !
Irradiante, somptueuse, fragile, émouvante, simplement belle dans le si bref triomphe d'une femme de cinquante ans, Michelle Pfeiffer nous donne à voir l'étendue de son talent. Elle peut tout jouer : Les sorcières d'Eastwick, Batman, la douce Madame de Tourvel....Elle est parfaite dans Chéri.
Celui qui lui donne la réplique, Rupert Friend (Orgueil et préjugés) a, lui aussi, l'âge du rôle et des yeux à faire tomber, un corps superbe aussi. Et un jeu très juste, surtout dans la seconde partie du film, en amant jaloux et pervers. Je n'oublie pas non plus Kathy Bates (Misery, Titanic, Noces rebelles), toute en rondeurs, parée comme une monstrueuse paire de rideaux à la lourde passementerie. Elle manipule avec ardeur et vacherie son niais de fils et son ex-rivale.
Chéri est un film de femmes, un modèle du genre. Je ne suis pas certaine que ces Messieurs apprécieront. Dans ce concert de louanges un tout petit bémol pour l'adaptation des sous-titres : il y est fait allusion à un "Kir" royal le dimanche...Le Chanoine doit se retourner dans sa tombe. Mais, comme le disent si bien les anglo-saxons : "Nobody is perfect !"