Finalement, toute cette journée aura servi à quoi ?
Les syndicats ont aujourd'hui montré leur unité - ce qui est une bonne chose - et leur sérieux puisque le pays a continué à fonctionner. Là où les municipalités ont été très motivées, elles ont réussi à organiser un accueil minimal des enfants à l'école, les autres parents s'arrangeant avec leur compte annuel de JRTT. Les transports ont fonctionné en région parisienne, j'ai même reçu du courrier. Mais cela change quoi ? C'est un coup de semonce, mais sommes-nous réellement à l'aube d'un grand soir ?
La grève est un moyen d'expression courant dans notre pays. Il est inscrit dans la Constitution et fait partie de notre culture démocratique. Il faut donc le sauvegarder, ce qui n'emêche pas de le réglementer (ce qui rend finalement la grève plus supportable aux plus humbles, donc populaire). Aujourd'hui, on a la nette impression qu'il s'agit d'une grève "cri d'angoisse" devant la crise économique et les conséquences qu'elle entraîne à court, moyen et long terme. Malheureusement, ce n'est sans doute pas un moyen pour peser sur les événements.
Par manque cruel de connaissance des rouages de l'économie, la plupart des salariés ignorent que leur situation en France est plutôt moins catastrophique qu'ailleurs : ici, le système de retraite par répartition protège la valeur des pensions, l'euro joue un rôle majeur dans la régulation internationale, le système bancaire n'a pas suivi comme ailleurs les sirènes des taux à deux chiffres et des risques excessifs, les dépôts bancaires sont garantis à un niveau relativement élevé. Mais nous subissons une sévère correction financière et économique : le chômage va s'accroitre dans de larges proportions et nous devrons être davantage solidaires : on a encore rien vu ! Personne ne sera indemne. De quelque côté que l'on se tourne, les politiques n'ont pas de réponse à la hauteur de la situation, pas de baguette magique : on ne bâtit pas un barrage contre le Pacifique ! Le rêve, le laisser-aller, l'époque du "tout est permis" coûtent cher....Brutalement, on redécouvre les vertus de l'Etat. Je me souviens de l'époque où j'étudiais l'économie politique...Quel retour à la case départ !
Nos industries ont un besoin radical d'investissement pour se rénover, les esprits encore plus.