« 37, quai d’Orsay », par Jean François-Poncet
Jean François-Poncet vient d’écrire
un grand livre. Pas par la taille : il a fait tenir en 284 pages, d’une
extrême densité il est vrai, une vie bien remplie de diplomate, de chef
d’entreprise, d’homme d’Etat et de grand responsable local.
En communicant éprouvé, il sait que
les textes longs lassent les lecteurs, et qu’il faut aller à l’essentiel.
La première, dans l’ordre du livre,
et sans doute dans sa pensée, c’est la nécessaire amitié franco-allemande. Fils
d’André François-Poncet, qui a vu la montée du nazisme de notre Ambassade à
Berlin, il en connaît le prix, et il pense nettement que nous Français ne
faisons pas tout ce qu’il faut pour la cultiver. De la méfiance de François
Mitterrand face à la réunification à notre incapacité actuelle de comprendre
l’attachement de l’Allemagne à une monnaie forte, nos fautes sont récurrentes,
et les Allemands se lassent…
« JFP » a eu la chance
d’être, comme collaborateur de Maurice Faure, un des négociateurs du traité de
Rome. Depuis, il n’a jamais cessé d’être un des meilleurs spécialistes du
sujet. Il raconte les avancées de l’Europe : les initiatives complices de
Giscard et Helmut Schmidt, aboutissant au Conseil européen des chefs d’Etats et
de Gouvernements, l’entente constructive
entre Mitterrand et Helmut Kohl sur l’euro, ou le formidable travail de Jacques
Delors sur l’Acte unique.
Abordant l’actualité brûlante, JFP
estime que la traité simplifié porté par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel reste la seule solution possible, et que
l’Irlande peut se voir offrir un statut d’ Etat associé si elle s’obstine dans
son opposition.
Troisième sujet : le septennat
de Valéry Giscard d’Estaing, qui recèle une surprise : JFP a été le plus
proche collaborateur du Président ; bien sûr, il défend et illustre sa
lucidité et sa vision. Mais il semble
avoir eu avec VGE des relations assez distantes (il écrit souvent :
« je n’ai jamais compris pourquoi il a pris cette décision »). Cette
réalité humaine est assez troublante.
Vient enfin le Lot et Garonne,
département certes sympathique, mais qui a eu vraiment beaucoup de chance
d’intéresser un tel manager et créateur.