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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 6 petits-enfants.
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3 avril 2008

Des images en couleurs de Paris sous l'occupation

"Les Parisiens sous l'Occupation", l'exposition de clichés d'André Zucca jusqu’au 1er juillet à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, 22, rue Malher, Paris-4e
Expo_ZuccaQue dire ? Comme Louis Mesplé (www.rue89.com), que Paris rend hommage à un photographe collabo, ou comme Claire Guillot (Le Monde 2) que « la capitale a des airs de vacances » ? Oui, c’est vrai, ces images dérangent. On ressent un malaise, malgré la richesse historique du matériel visuel soulignée par Jean-Pierre Azéma. On se trouve à admirer la qualité esthétique d’images quasiment extraites de leur contexte. Et il s’agit clairement de photographies de propagande. En effet, André Zucca – dont le talent artistique n’est pas nié – a été « réquisitionné » par les autorités allemandes pour montrer, dans le célèbre magazine de propagande nazie « SIGNAL », comment Paris continue à vivre « comme si de rien n’était » sous l’occupation. A ce titre, il a reçu un contingent de pellicules Agfacolor inversible (pour des diapos), une nouveauté à l’époque, et il évite les sujets qui fâchent : peu de files d’attente, peu d’étoiles jaunes. A deux pas de la rue des Rosiers, cette exposition frôle la provocation. Et pourtant, il faut la voir, car il est vrai que Paris n’a pas perdu, pendant ces années noires, ni son élégance, ni son insouciance, ni une certaine indifférence devant les uniformes allemands attablés au soleil des terrasses des deux Magots, ou sur les grands boulevards. Ces images si « vraies » par leur couleur minutieusement restaurée n’ont pas été publiées dans Signal car seules les photographies de guerre étaient publiées en couleurs. Mais on sait que Zucca travaillait avec deux boitiers : un 6x6 pour le noir et blanc, un Leica 24x36 pour la couleur…Mon père en possédait un en 1946…

signalEt puis il y a ce beau temps radieux : bien entendu, avec une pellicule à 16 ASA, il est difficile de photographier les coins sombres...Il faut voir ces clichés pour se souvenir qu’il fallait aussi « bouffer », travailler, fumer - on vendait avec tickets des paquets de 4 cigarettes - que les théâtres étaient pleins, que des chefs d’œuvre cinématographiques ont été réalisés sous la contrôle des autorités allemandes : des navets aussi, plus ceux tournés par l’industrie allemande du film. Pour les Soldatenkinos. La plupart des français « faisaient avec », sans pourtant que nous puissions tous les traiter de collabos. Ils tentaient de survivre. Les héros sont toujours rares. Je me pose une dernière question : pourquoi la Ville de Paris insiste-t-elle si fort pour exposer les photos d’un Paris révolu, et à un tarif dérisoire (4€ prix normal, 2€ pour les plus de 60 ans…)


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