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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 6 petits-enfants.
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1 avril 2008

Le mystère La Pérouse, ou le rêve inachevé d'un roi

Exposition au Musée national de la Marine, jusqu’au 20 octobre.

LaPerouseExp_ditionLap_rouseVoici une visite – je dirais même plus une plongée – dans l’atmosphère du siècle des lumières, excellemment présentée avec des commentaires écrits et audio (à deux niveaux : pour les visiteurs rapides et pour ceux qui en veulent plus). La fameuse expédition confiée à Jean-François de La Pérouse par le roi Louis, passionné de sciences et cartographe lui-même à ses heures, pour un tour du monde, destinée à compléter les trois voyages de James Cook, mort en 1779 (la rivalité entre les deux grandes puissances s’exerçait aussi sur le plan scientifique).
Après une longue préparation, une certaine forme d’espionnage économique puisqu’un des membres de l’expédition va se faire portraiturer à Londres par William Hodges qui avait participé aux voyages de Cook, tout en lui « tirant les vers du nez », ce qui va permettre de mieux lutter contre le scorbut et l’utilisation d’une forme de quinine, l’expédition de Monsieur de La Pérouse (44 ans) embarque enfin, sur les deux vaisseaux « La Boussole » et « L’Astrolabe », une troupe de scientifiques : botanistes, cartographes, ingénieurs, charpentiers, chirurgiens et artistes en sus de l’équipage. 226 hommes quittent donc Brest le 1er août 1785 pour un voyage planétaire, prévu pour au moins quatre années. Tout au long de son périple, la Pérouse parvient à transmettre, au fur et à mesure de ses escales, les rapports, les découvertes faites en chemin, de sorte que la relation de son voyage, publiée après sa mort, deviendra un best-seller, imprimé aux frais des nouvelles autorités révolutionnaires.
VanikoroAccrochez-vous, voici l’itinéraire : Brest, Madère, Ténérife, île Sainte Catherine (Brésil), La Conception (Chili), île de Pâques, Hawaï, Port des Français (côte sud de l’Alaska), Monterey (Californie), Manille, Macao (1787), Manche de Tartarie (Sibérie), Petropavlosk (Katchamka), Maouna (Samoa), Botany Bay (côte est de l’Australie)…….et puis ….plus de nouvelles. Une forte tempête, une île de 190km2 (11°37’ latitude sur et 166°58’ longitude nord), entourée d’une infranchissable barrière de corail. On sait que les deux vaisseaux coulèrent aux abords de Vanikoro (îles Salomon aujourd’hui), après plusieurs missions de recherche tentées au cours du XIXème siècle, et depuis la localisation en 1828, de la première épave.
Ce qui est particulièrement émouvant aujourd’hui, est de retrouver (grâce aux multiples campagnes d’archéologies maritimes entreprises par l’association Salomon, entre autres) les objets de bord de ces marins perdus, dont une petite centaine purent pendant plusieurs années trouver refuge sur l’île même, y construire un camp, bâtirent un navire de fortune et purent s’embarquer, certains restant sur place. Cependant, plus aucun ne donna de nouvelles.porcelainelap_rouse
Cette expédition extraordinaire permit de préciser les rivages d’un nombre incommensurable de côtes jusque là pas ou mal cartographiées, donna des renseignements économiques et scientifiques inédits, constitua un acte exemplaire de la philosophie des Lumières. Sa fin demeure un mystère, celui de la mort de Monsieur de La Pérouse : était-il vivant avant la tempête de Vanikoro ?, était-il parmi les survivants du camp de Païou, s’est-il embarqué dans le navire de « fortune » pour fuir l’île ? On peut tout imaginer…une bonne trame pour une série du genre « Lost », mais il faudrait les moyens d’Hollywood ; en tous cas, cela ferait un bon paquet d’épisodes…parce que je ne vous ai pas tout raconté !

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