La dernière victoire possible, roman d'Oriane Jeancourt-Galignani
... C’est celle de la vie qui continue, qu’il faut reconstruire, reprendre le dessus, même après la tristesse et l’incompréhension. C’est du moins ce que j’ai compris à la lecture de ce roman où j’ai retrouvé certains thèmes récurrents de l’autrice : la peinture, les désillusions, la séparation, l’échec, le suicide …
L’histoire commence à New York, quelques semaines après l’attentat du 11 septembre. Evénement prémonitoire d'un chaos ?
Nathalie Bouvreuil vient d’y arriver de Paris car la police lui a annoncé la mort brutale de son père, qui s’est suicidé après une violente dispute avec sa compagne. Une mort incompréhensible pour elle ...
Sous le pseudonyme d’Arno Glück, Arnaud Bouvreuil est peintre, très influencé par De Kooning et Rothko. Issu de la bourgeoisie aisée, il a rompu avec sa famille pour vivre de son art mais ne rencontre pas le succès. Un jour de 1971, il a tout quitté pour se frotter à l’effervescence artistique de New York, mais sans vraiment percer là non plus. Il revient à Paris quelques mois plus tard et se coule dans le moule pour faire vivre sa femme et leur fille dans un métier conventionnel, laissant tout en plan une fois de plus.
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Artiste incompris, il ne parvient pas à obtenir la percée qui le rendrait célèbre. Ni à Paris, ni aux Etats-Unis où il est retourné vivre et où sa fille, dix ans plus tard, apprend sa disparition dans des circonstances surprenantes. Ainsi va-t-elle découvrir un aspect de ce père qu’elle ne connaissait pas, à travers les femmes qui l’ont aimé, ses angoisses, ses déceptions, sa misère sociale, sa solitude.
Nathalie doit attendre que l’enquête sur la mort de son père soit bouclée. A travers les lettres écrites à son meilleur ami, elle perçoit les affres de la création incomprise et les espérances déçues d’accomplissement et de reconnaissance de ce père qu’elle aimait malgré ses difficultés à communiquer avec lui.
Une plongée dans les prémisses de la crise morale des dernières années du siècle, du bouleversement des structures familiales, de la détresse des jeunes générations face à la dureté d’un monde plus que jamais hostile aux faibles.
C’est un texte relativement court, écrit dans une langue fluide, riche d’images éclairantes et de personnages attachants. Une analyse sensible de la relation d’une fille face à un père hors du commun, mais aussi un constat de résilience et un témoignage d’espoir.
La dernière victoire possible, roman d’Oriane Jeancourt-Galignani, publié chez Grasset dans la collection Le courage, 250p., 19,50€