La dernière chance d'Eléonore, roman historique d'Anne Villemin Sicherman
Neuvième épisode des enquêtes d’Augustin Duroch, artiste vétérinaire, sous la Révolution.
Nous le retrouvons à Metz en février 1794, secondé par son fils Julien, lui aussi diplômé de l’école d’Alfort, dans une région où les exactions de la Terreur montagnarde parviennent de plus en plus évidentes, à travers le climat de suspicion générale et la pénurie des denrées les plus élémentaires.
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Le lecteur est comme plongé au cœur d’un tableau de Louis-Léopold Boilly et dans les pages de la très récente Histoire des Girondins. Mais c’est d’un assassinat dont tout le monde parle : celui d’une jeune femme à la langue bien pendue, habitante du village de Goin, fief des Cussange, retrouvée poignardée sur le perron du château. Naturellement, on en accuse Eléonore, puisqu’elle est une ci-devant, la caste honnie des sans-culottes.
Augustin va se démener avec toute son énergie pour disculper sa vieille amie, d’autant plus que son fils et Lou, la fille d’Eléonore, sont éperdument amoureux : voilà au moins une union désormais possible grâce à l’égalité des citoyens – mais à quel prix !
Mais la justice n’est pas neutre.
Surtout depuis l’arrivée à Metz du sinistre représentant de la Convention en mission, qui tremble lui aussi d’être soupçonné de mollesse dans sa tâche d’éradication des aristocrates. A l’instar de Carrier à Nantes qui fait noyer dans des péniches à fond amovible des milliers de suspects, Duquesnoy vole, rançonne, pille, emprisonne de façon totalement arbitraire tous ceux qui ont le malheur de lui déplaire. Et c’est ce sbire qui va influencer le tribunal devant lequel devra comparaître la douce Eléonore, sous les huées d'un public vengeur ...
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Jusqu’au bout, et à l’époque la justice est particulièrement expéditive, nous suivons les investigations d’Augustin et de son fils afin de trouver l’assassin de la Catherine et prouver l'innocence d'Eléonore.
Un tableau réaliste des terreurs d’une époque troublée, où chacun craint d’être dénoncé à tout moment pour une parole maladroite, une rancœur familiale jamais éteinte, la dénonciation d’une transaction opaque sur les biens nationaux, dans une atmosphère de persécution des prêtres et de tous ceux qui commencent à critiquer les dérives de la faction au pouvoir sous n'importe quel prétexte.
Un suspens qui ne faiblit pas jusqu’à la dernière seconde. Et une page d’histoire. Un bonheur de lecture !
La dernière chance d’Eléonore, polar historique d’Anne Villemin-Sichermann, publié chez Calmann-Lévy, 456 p., 21,90€