Crépuscule à Casablanca, polar historique de Melvina Mestre
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Jouer à reconnaître les parfums est le dada de Gabrielle Kaplan, ce qu’elle adore faire … et lui est très utile dans ses enquêtes.
Voilà, entre autres, ce qui nous fait apprécier cette jeune et intrépide détective privée qui exerce dans le Maroc des années cinquante. Et ce n’est pas sans périls.
Je ne pouvais pas rater ce polar court mais dense : le Maroc sous protectorat français, travaillé par les volontés d’indépendance, où les Américains sont très présents et où s’affrontent dans l’ombre les ultras farouchement attachés au maintien de la présence française, les babouzes de diverses obédiences, les truands corses qui trafiquent les cigarettes et les armes, les flics corrompus et les industriels soucieux de conserver leur position dominante et où les partisans de indépendance du royaume n'est pas bien vue.
Car mes parents jadis, de 1932 à 1944, ont vécu dans ce pays les premières années de leur mariage et y avaient de la famille et des amis très chers, pour la plupart rapatriés en France après des émeutes de 1956. Quand ils venaient en vacances en métropole, j’admirais leurs rutilantes voitures américaines. Et puis l’héroïne de cette histoire habite non loin de l’avenue Blaise Pascal, l’adresse de mes parents …
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Au-delà de cette réminiscence personnelle, ce polar raconte aussi, de façon très documentée - une Sciences Po ne saurait y déroger - la sourde effervescence politique menée dans ce territoire qui prépare sa décolonisation, les luttes de pouvoir menées entre alliés d’hier après le débarquement américain en Afrique du Nord – l’opération Torch – l’antagonisme entre les généraux Giraud et de Gaulle, l’action ambiguë d’Alphonse Juin, résident général dont l’attitude vis-à-vis de Vichy fut pour le moins opportuniste.
A la fois historienne et journaliste, Melvina Mestre crée ici une série policière passionnante, dont je vais naturellement me procurer rapidement le deuxième épisode.
Crépuscule à Casablanca, polar de Melvina Mestre, édité chez Points, 189 p., 12,50€.