Débâcle, roman de Ian Manook

C’est le douzième roman de Patrick Manoukian – sous quelques pseudonymes qu’il choisisse de se présenter - que je lis, et chaque fois avec autant de bonheur.

Avec l’âge, je dirais que son style devient de plus en plus envoûtant, empreint d’une violente poésie. Un hymne à la nature sauvage et au courage des hommes et des femmes qui l’affrontent dans des combats titanesques, et des bêtes sauvages qui la hantent comme elles hantent les rêves des personnages.

Ici se mêle une description apocalyptique, mais certainement très en dessous de la réalité historique, du chaos qui suivit la désintégration de l’URSS en 1991, la faillite de l’Etat et la misère des habitants privés de toutes ressources et abandonnés à des bandes maffieuses.

Des structures corsetant un empire fondé sur la coercition et l’angoisse restent tout de même les anciens sbires du KGB, qui vont fonder une nouvelle organisation, la nature ayant horreur du vide.

C’est ainsi que Piotr, rescapé du Goulag auquel il a été condamné pendant dix ans sur dénonciation d’un voisin jaloux et ambitieux, se retrouve contraint – sa mère malade retenue en otage – de partir à la recherche d’un trappeur ermite dans le grand nord afin de le liquider. Ce sera une épopée de dix jours de marche émaillée de périls mortels : rivières gelées en crue au moment où la glace commence à se briser, incendies dévastateurs, bêtes sauvages en quête de proies.

Au cours de son odyssée sibérienne, Piotr fait des rencontres qui vont changer sa vie : deux adolescentes déjà terriblement aguerries, Youliana, petite prostituée grande lectrice et Liouba, chasseresse amoureuse de la taïga, Vassili, le pilote d’hélicoptère, Fiodor, l’ermite fugitif si bienveillant envers son prédateur, l’enfant oublié Sacha qui retrouve en Youlia une mère aimante, un chien jaune qui sert d’oreiller à Sacha.

Sans oublier Platov, cet ancien du KGB longtemps en poste en RDA, qui s’est insinué dans l’administration de la ville de saint Pétersbourg avant de devenir le nouveau tsar d’une Russie conquérante.

Un roman puissant, des scènes époustouflantes, des personnages attachants : une histoire à faire frémir – dans tous les sens du terme.

Débâcle, roman de Ian Manook, publié aux éditions Paulsen, collection La Grande Ourse, 373 p., 19,90€

Comments

[Jauneyris]

Merci pour cette référence bibliographique, je vais emprunter ce livre à la bibliothèque. Agréable journée