Les garçons de Biloxi, roman de John Grisham

A la différence de nombre d’écrivains comme Andrea Camilleri, John Grisham n’a pas situé son récit dans une ville imaginaire mais dans cette cité balnéaire proche de La Nouvelle Orléans, qui fut jadis la capitale de la Louisiane française, et dont l’activité principale fut longtemps la pêche des fruits de mer, avant d’être supplantée par les établissements de jeux, les boîtes de nuit et l’hôtellerie pour touristes.

Il était une fois … deux familles d’origine croate, arrivées sur les bords du golfe du Mexique au début du siècle précédent et ne parlant pratiquement pas l’anglais. Les grands-pères commencèrent comme ecailleurs d’huitres, simplifièrent leur patronyme, s’intégrèrent à la communauté, participèrent aux guerres.

Paradoxalement, la rivalité entre les deux familles débuta par une amitié entre Lance Malco et Jesse Rudy, nés en 1948, élèves dans les mêmes classes et vivant à deux rues l’un de l’autre, dans la même équipe de baseball depuis l’âge de huit ans. Mais leur destin va radicalement diverger : la famille de Lance investit dans l’industrie du loisir, Jesse entreprend des études de droit à marche forcée.

Quand le père de Hugh Malco vire au parrain de la mafia locale et prend son fils comme bras droit, Jesse devient un procureur acharné à nettoyer la côte de sa corruption et de toutes ses débauches illégales : jeux d’argent, prostitution, tueurs à gages, contrebande d’alcool et de drogues.

Un combat à mort qui va opposer ces deux familles, avec pour chacune ses atouts et faiblesses, des victoires et des drames, chacune combattant pour le triomphe de la justice ou la survie d’une source de bénéfices issue du crime.

La description des joutes épiques entre les défenseurs de chaque clan est naturellement une des spécialités de l’auteur, et un modèle du genre « polar juridique » que les américains apprécient tant. Mais c’est l’évolution des personnages principaux qui retient surtout l’attention du lecteur. Comment la violence, souvent révélée par le sport, envahit l’âme d’un adolescent, et à l’inverse, comment la vénération d’un père influence un fils qui se sent investi de la mission de son père.

Peu de femmes dans ce roman, très peu de Noirs dans cette région pourtant vouée à l’esclavage pendant des siècles, quelques furtives évocations des paysages de champs de coton récoltés par les prisonniers du sinistre pénitencier local, dans ce Sud profond qui est la région d’origine de l’auteur.

Une histoire de familles rivales, un grand classique, pleine de tendresse, malgré tout, pour les deux côtés de la vérité.

Les garçons de Biloxi, roman juridique de John Grisham -The Boys From Biloxi – traduit de l’anglais par Carole Delporte, édité chez JCLattès, 505 p., 22,90€

Comments

[Jauneyris]

Merci pour cette référence bibliographique. Agréable journée