La conquête de l'Ouest, essai par Alain Bauer

Docteur en criminologie, expert en techniques de sécurité et de renseignement, professeur dans divers instituts supérieurs à Paris, Shangaï et New York, critique gastronomique et dignitaire maçonnique, Alain Bauer (né en 1962) a produit une masse de documents et suscité une foule de critiques et même d’accusations actuellement devant la Justice … Mais je l’aime bien et j’écoute avec intérêt ses fréquentes interventions sur les plateaux de télévision.

Sans doute en partie pour faire taire ses détracteurs, il a entrepris un récit en six volumes de ce "demi-siècle de désillusions" dont cet essai est le troisième tome. C’est pourquoi le propos est, à tout instant, émaillé de citations et de références, qui vont de la Genèse à Guy Debord. Car les idées politiques de l’auteur ne connaissent pas de frontières, et c’est aussi ce qui me le rend si sympathique.

Une vaste réflexion sur la destinée humaine depuis les tout débuts de l'Homo sapiens, qui l’on poussé à aller de l’avant, toujours plus loin, pour conquérir des terres moins hostiles, fuir la misère, les catastrophes naturelles, la guerre, les persécutions.

A l’heure où on nous prend la tête avec des expressions considrées comme moralement inadmissibles, la synthèse historique et écologique d’Alain Bauer, homme de gauche fondamentalement,  remet un certain nombre de faits statistiques et d’idées en place. 

Quelques citations et extraits :

« Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre sans cesser d’être. On se reconnaît, on se construit par le contact, l’échange avec l’autre. Entre les rives du même et de l’autre, l’homme est un pont. » Jean-Pierre Vernant.

« Echapper à la lecture déterministe et téléologique du passé qui ferait de l’Etat-nation et de la démocratie libérale le point le plus achevé de l’horizon indépassable de l’histoire. »

« Nécessité de revisiter avec un regard neuf l’histoire du nomadisme qui a pu, à certains moments et à certains endroits, représenter une option rationnelle de mode d’organisation pour les sociétés humaines."

Ainsi sont passés en revue les grands mouvements de populations depuis la nuit des temps : la migration des premiers hommes de l’est de l’Afrique dans toutes les parties du monde, le cheminement des Hébreux vers Canaan, les exodes climatiques, lafuite devant les pandémies, les grandes découvertes, la traite des esclaves, les colonisations et partitions, la conquête de l’Ouest américain, la population de la Sibérie, l'empire Mongol, l’exode des boat poeples, les rapatriés d’Algérie, les réfugiés syriens …

La question essentielle que se pose l’Occident aujourd'hui est le poids de la démocratie dans la représentation et la peur atavique, reptilienne, pour les populations qui se considèrent comme relativement homogènes au point de faire « nation » ou « civilisation », de voir leur identité diluée par l’apport de populations allogènes.

Une conclusion : « La nature a horreur du vide démographique. Il y a une logique de l’accueil par l’intégration : celle de la survie d’un peuple qui a accepté la jouvence de l’étranger en évitant ainsi sa propre disparition et qui doit se préparer par une reprise démographique à affronter la fin du mois autant que la fin du monde. »

Ce qui m'amuse aujourd'hui, c'est la flambée des critiques et des controverses qui vont suivre cet ouvrage ... Il va y avoir du sport sur les plateaux TV !

La conquête de l’Ouest, essai d’Alain Bauer, publié chez Fayard, 491 p., 24,90€

Comments

[lizathenes]

J'écoute touours avec attention ce que dit Alain Bauer, dont, dit en passant, j'apprécie souvent l'humour

[Jauneyris]

Moi aussi je l’apprécie et regarde souvent ses interventions télévisées. Agréable journée