La saignée, thriller de Cédric Sire
Le titre est explicite, cela allait être sanglant … Il paraît que le genre plaît à un public de plus en plus nombreux : il convient sans doute de résister à la concurrence des images gores largement diffusées sur le net.
Je n’ai pas choisi ce livre sur ce critère mais pour faire connaissance avec ce jeune auteur (jeune pour moi, puisqu’il a l’âge de mes filles). Une première incursion, donc … Cependant, je vais être cash : il n’y en aura pas de seconde.
Malgré des points positifs indéniables : des chapitres très courts (1 à 5 pages, il y en a 160 hors prologue et épilogue), une construction bien structurée, des personnages à la psychologie fouillée, des descriptions très « visuelles » des scènes d’action, une présentation documentée des profondeurs du Dark Web et des différentes manières d’y accéder et/ou de l’infiltrer, un suspens distillé tout au long de l’intrigue.
La partie la plus drôle est la description du milieu littéraire et du rituel des séances de signature, la folie des lectrices hystérisées devant la beauté d’un auteur à succès (le personnage central n’est-il pas largement inspiré de celui de l’auteur lui-même ?)
En revanche, je n’ai pu éviter un certain ennui devant le foisonnement des intervenants, tellement caricaturés, l’application de l’auteur à nous faire douter de l’héroïne principale jusqu’à la dernière minute - mais je suis bien consciente que c'est le point central du roman - est-elle une victime ou un monstre ?
Et puis enfin, la description maniaque des tortures infligées aux victimes, dignes d’un décor de Grand Guignol. Comme quoi, le sang, la barbarie visionnée en direct, ça fait toujours frémir, sans doute jouir et certainement aussi … vendre.
"Le charme de l'horreur n'énivre que les forts." écrivait Baudelaire.
Pour ma part, je suis faible et vais désormais m’abstenir. Surtout aujourd'hui qui est un jour de commémoration.
La saignée, thriller de Cédric Sire, publié chez Fayard et en Livre de Poche, 664 p., 9,20€