La Bête humaine, thriller ferroviaire et judiciaire d'Emile Zola
Zola aurait pu, de nos jours, intituler le 17ème roman de sa série des Rougon-Macquart : Crimes sur la ligne Paris-Le Havre … .
Publié en 1890, d’abord sous forme de feuilleton dans le Gil Blas, ce thriller sanglant se situe entre « Le rêve » et « L’argent ». Il met en scène Jacques Lantier, né en 1844), l’un des quatre enfants de Gervaise – Claude (L’œuvre), Etienne (Germinal) et Anna (Nana).
Jacques Lantier, jeune homme par ailleurs bien sous tous rapports, conducteur de train émérite très attentif à sa fantastique machine, la Lison, est affublé d’une tare héréditaire, due selon l’auteur au terreau alcoolique de sa famille : il éprouve la pulsion irrésistible de tuer les femmes qu’il tient entre ses bras : Eros et Thanatos en somme.
Dans le cadre très minutieusement documenté du milieu ferroviaire – une sorte de microcosme où se rencontrent toutes sortes d’employés, le plus souvent logés à un point ou à un autre de la ligne – Zola a voulu produire « quelque chose d’hallucinant, d’effroyable, un drame propre à donner le cauchemar à tout Paris, beaucoup plus sauvage que Thérèse Raquin. »
Des viols de très jeunes filles, des meurtres, des suicides, un empoisonnement, des catastrophes ferroviaires … tout y est : les passions adultères, la jalousie rétrospective, la convoitise (recherche compulsive d’un magot caché), la partialité politique du monde judiciaire, la mécanique mortifère du couple criminel.
Le meurtrier, toutefois, paraît sans remords, ses fautes ne le tracassent pas, sauf si elles tournent mal. Cependant, celui qui a commis le crime hideux se délite progressivement physiquement et moralement, à son insu, il se désagrège …
Finalement, même parfait, le crime ne paie pas.
La bête humaine, roman d’Emile Zola, 1890. Chez Pocket, 544 p., 3,55€