Kawase Hasui, le poète du paysage par Brigitte Koyama-Richard
Chacun connaît ma fascination pour le Japon en général et les estampes en particulier. Et surtout ma fille Florence, qui y a vécu, et qui m’a offert pour Noël ce somptueux ouvrage sur le maître du paysage et du mouvement Shin Hanga : Kawase Hasui (1883 – 1957).
Je suis naturellement tombée immédiatement en admiration devant ce renouveau de l’art de l’estampe, qui fait le lien avec les grands maîtres des siècles précédents Hokusaï et surtout Hiroshige.
Toutefois, dans ses déclarations, Kawase Hasui s’est défendu à plusieurs reprises avoir été influencé par Hiroshige, car il tenait à souligner l’originalité de son œuvre. En revanche, il invoquait l’influence de l’illustrateur franco-anglais Edmond Dulac (1882 – 1953).
Kawase Hasui est un des piliers de ce mouvement moderniste apparu au début du XXème siècle que l’on peut traduire par « renouveau pictural », qui fait la synthèse entre les techniques de la peinture occidentale, l’aquarelle et la peinture japonaise traditionnelle.
Kawase Hasui se consacre essentiellement mais pas exclusivement à l’estampe de paysages, même s’il est amené au cours de sa carrière et pour gagner sa vie à produire des œuvres de commande comme des dessins publicitaires, des affiches touristiques (image du haut), des cartes postales, des couvertures de romans …
Conseillé par le maître Kaburagi Kiyobata, il se forme à la peinture occidentale et intègre son atelier en 1912. Sa première estampe date de 1918 : le temple Zozoji sous la neige.
Il voyage partout au Japon, noircit des carnets de croquis … dont les 188 premiers brûleront dans le gigantesque incendie qui suit le séisme de 1923.
Il est fier de déclarer qu’il est le seul artiste qui vit de sa peinture … Son travail est reconnu au plus haut niveau.
Atteint d’un cancer de l’estomac, sa dernière estampe représente le Konjikido (le pavillon d’or) du temple Chûsonji sous la neige, terminant ainsi une boucle avec sa première oeuvre publiée ... il s’éteint en 1957.
Il laisse 650 estampes, en grande majorité produites avec le concours de l’éditeur Watanabe Shôzaburô, le plus important imprimeur d’estampes shin hanga.
Le livre, de grand format, en reproduit l’essentiel, dans des couleurs superbes. Il nous transporte en une contrée si souvent fantasmée, et que je ne visiterai jamais qu’en rêve ….
Brigitte Koyama-Richard est docteur en littérature comparée de la Sorbonne et de l’INALCO, professeur à l’université Musashi ou elle enseigne la littérature comparée et l’histoire de l’art.
Kawase Hasui, le poète du paysage, par Brigitte Koyama-Richard, Editions Scala, 266 p., 49,90€