Cristina de Belgiojoso, la princesse révolutionnaire
Aujourd’hui comme hier, ce sont souvent les femmes que l’on retrouve à la pointe du combat politique, auquel elles consacrent leur fortune, leur réputation, le sacrifice de leur vie. Ne les oublions pas.
Ainsi je découvre la biographie de celle qui fut appelée la Princesse, Christina Trivulzio épouse Belgiojoso (1808 – 1871) : née à Milan, patriote, journaliste, philanthrope, active soutien du Risorgimento et en lutte contre la domination autrichienne et ardente activiste de l’unité italienne.
Cette âme révolutionnaire est une des plus riches héritières de Lombardie. Elle a été mariée à 16 ans avec Emilio Belgiojoso mais s’en sépare rapidement, tout en maintenant de bonnes relations avec lui.
Elle conspire contre la domination autrichienne, ses biens sont confisqués, elle s’exile à Gênes, Rome, Naples et Florence, Genève, elle se réfugie en France en 1830 où elle donne des leçons particulières, écrit des articles pour Le Constitutionnel, parvient à récupérer une partie de ses biens et ouvre un salon rue d’Anjou.
Passionaria, égérie, patriote, cavalière émérite, habile au pistolet comme au couteau, parlant plusieurs langues, férue de théologie, d’une beauté partout célébrée : le teint très pâle, la chevelure d’un noir de jais, le regard lumineux. Ainsi la dépeint Dan Franck dans son dernier ouvrage dont je reparlerai demain.
On admire cette femme qui écrit des textes philosophiques et défend le saint-simonisme et la condition féminine prônée par Fourier en ces termes : « Les progrès sociaux s’opèrent en raison du progrès des femmes vers la liberté, et les décadences d’ordre social s’opèrent en raison du décroissement de la liberté des femmes. L’extension des privilèges des femmes est le principe général de tous les progrès sociaux. »
Dans son salon se rencontrent Alfred de Musset, Théophile Gautier, Augustin Thierry, Heinrich Heine, Liszt, Victor considérant et surtout le vieux général La Fayette.
Quelle époque, quelle femme, quelle vie de roman !
Pensons à toutes celles qui sont retenues aujourd’hui en otages en raison de leur activité politique en faveur des libertés.