Savages, thriller de Don Winslow

Je n’ai pas encore lu l’œuvre complète de Don Winslow … j’ai donc encore, et heureusement, de la marge.

Celui-ci, récemment réédité en format de poche, date de 2010 et se situe avant la série ultra célèbre de « La Griffe du chien ». Une sorte de mise en jambes de l'auteur avant son grand oeuvre !

A l’heure où l’on évoque désormais en France le risque de mexicalisation, voici une description très réaliste du processus de guerre entre gangs de trafiquants de drogue qui règne en Californie du sud, à la frontière très poreuse avec le Mexique et plus particulièrement le cartel de Sinaloa.

Ce roman d’une rare violence est une sorte d’introduction à la série suivante. Mais ici, pas de super flic de la DEA mais une sympathique équipe de trois héros : deux hommes et une fille. Elle, Ophélie dite O, est l’amante des deux, parfois à trois, qui passe sa vie à regarder des séries et à faire du shopping … elle partage tout avec eux, et avec sa mère frappadingue.

Les deux garçons se sont créés un business particulièrement rentable car ils intègrent la totalité de la production d’herbe jusqu’à la commercialisation, et surtout jusqu'au blanchiment du chiffre d’affaires. Leur came est du très haut de gamme, donc très prisée … Chon est un dur de dur, ancien Navy Seal qui a participé à tous les conflits extérieurs sous la bannière des Etats-Unis, Ben est un intello botaniste et démocrate, qui investit ses gains dans des œuvres caritatives.

Mais c’est justement au moment où ils décident de cesser cette activité illégale pour se reconvertir dans l’énergie verte que le cartel mexicain de Baja décide de les vassaliser. La guerre qui s’ensuit sera sans merci.

Au-delà du talent de l’auteur pour décrire les combats épiques et les feintes, c’est toute la sociologie américaine qui passe au scanner. Cette Californie de gosses de riches, l’absence de limites aux plaisirs artificiels si facilement à portée de main, la proximité avec la pègre, la corruption qui gangrène l’administration, les facilités de transfert de fonds via les réseaux de communication ...

Des chapitres ultra-courts, un style à coup de machette, une violence digne d’un jeu video. Le roman, devenu culte, a été adapté au cinéma par Oliver Stone, mais je doute que l’écran soit à la hauteur des bastons homériques décrits par cet auteur. Et quand je dis homérique, je pense à la dernière trilogie de Winslow qui fait référence à l’Illiade.

Savages, roman de Don Winslow, traduit de l’anglais par Freddy Michalski, édité chez Harper Collins Poche, 493 p., 8,90€

Comments

[Berny]

Des conseils de lectures toujours excellents chez toi Marie-Pierre ! Ton blog est une vraie source de culture.
Je te souhaite une douce semaine.
Amitiés.
Bernadette.