Les cancrelats à coups de machette, roman de Frédéric Paulin
Lors d’une de mes virées à ma librairie préférée, j’ai saisi ce roman noir sur l’unique foi de son auteur dont j’avais beaucoup apprécié une précédente suite. Sans me rendre compte qu’il s’agissait là d’un troisième épisode … mais que l’on peut lire totalement indépendamment des précédents.
Hasard de mes lectures récentes, le contexte historique – et politique – transporte le lecteur en 1994, au Rwanda, en pleine guerre interethnique et au cœur d’un terrifiant génocide. Avec, en prime, l’implication pas vraiment propre de nos forces armées et l’entêtement de François Mitterrand, toujours et encore hanté par ses fantasmes africains.
On se rappelle de la guerre d’extermination réciproque entre les Hutus, qui représentent 80% de la population de cette ex-colonie belge, et les Tutsis, considérés par les anciens colonisateurs comme d’une essence supérieure, une sorte de noblesse, par rapport aux Hutus, soutenus au-delà du raisonnable par la France. Consulter la page Wikipedia sur ce conflit remet les idées en place.
C’est le cadre du roman : en France, dans divers terrains vagues de province, sont retrouvés les membres dépecés d’Africains, anciens tortionnaires Hutus. 22 ans après la fin des massacres, bien des génocidaires ont réussi à s’échapper du pays à l’étranger, tout le monde le sait … mais visiblement, un vengeur est à l’œuvre qui a décidé d’appliquer sa justice personnelle en découpant à vif ses anciens bourreaux avec une disqueuse et laisse les morceaux bien en vue pour qu’on les retrouve et en fasse le maximum de publicité … Ce qui n’emballe pas les autorités françaises et surtout les services secrets.
Une enquête, donc, qui oblige d’anciens militaires et aussi un ex-mercenaire à coopérer avec des policiers pour retrouver le ou les massacreurs. Entre Paris et Kigali, entre avril 1994 et 2016, des destins croisés : François, champion de boxe plein d’avenir, Dafroza sa petite amie capturée et devenue esclave sexuelle puis, en France, présidente d’une association d’aide aux victimes, tous deux rescapés Tutsis, et des gendarmes qui ont participé aux forces déléguées par l’ONU à Kigali pour faire cesser les massacres …
Une traque en forme de course contre la montre avec allers et retours temporels, décrivant avec beaucoup de réalisme le mécanisme d’un génocide particulièrement spectaculaire. Un bilan estimé entre 800000 et un million de victimes. Une tranche (!) d’histoire dont nous n’avons pas à tirer fierté …
Les cancrelats à coups de machette, roman de Frédéric Paulin, en format poche chez Folio Policier, 264 p., 8,90€