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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 6 petits-enfants.
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16 novembre 2024

Houris, roman de Kamel Daoud

Houris : femmes très belles, vierges, accordées au paradis par Dieu au nombre de 72, ainsi que le bonheur éternel, à chaque martyr de l’Islam. C’est ici le nom donné par Fajr (Aube) à l’enfant qu’elle porte depuis peu et qu’elle ne veut pas garder.

Car pour elle, rescapée à 5 ans d’un abominable massacre, la vie de femme ne vaut pas la peine d’être vécue dans l’Algérie d’aujourd’hui. Avant de prendre sa décision définitive, Aube qui porte sur sa peau la cicatrice de son égorgement raté, veut retourner dans son village martyr pour retrouver les traces de sa grande sœur qui lui a permis de survivre, aux dépends de sa propre mort.

C’est donc un pèlerinage vers les montagnes de l’Ouarsenis où se situait jadis la ferme de leurs parents, qu’entreprend la jeune femme, fuyant l’atmosphère de sacrifices et d’égorgements des moutons de la fête de l’Aïd. Mais on ne voyage pas impunément sur une route déserte lorsqu’on est femme, et seule. Ce sera pour elle, dans l'Algérie d'aujourd'hui, un très cruel « road trip » parsemé d’épreuves cruelles.

Aube porte en elle le témoignage d’une guerre civile qui a ensanglanté l’Algérie pendant la décennie noire entre 1992 et 2002. Alors même qu’à la différence de la guerre d’indépendance contre les Français dont on célèbre les vétérans, une loi punit quiconque évoque désormais ce conflit d’une violence inouïe. Cette guerre fratricide est devenue un tabou.

Durant son épopée, Aube fait des rencontres :  Khadija l’avocate, Aïssa le libraire qui n’arrête jamais de parler et de rouler avec, dans son fourgon, son stock de livres de cuisine, Mimoun le pêcheur, Hamra la rousse flamboyante, l’imam boucher et son jumeau maudit H’med…

Chacun raconte son histoire, toute d’intolérance et de sang, mais avec en toile de fond, toujours, l’asservissement des femmes.

Un texte parfois difficile, un style ciselé, brillant, avec des « arabesques » et moult retours en arrière, une réflexion sur la question fondamentale de la vie et de la mort, de la soumission et de l’oubli imposé, la colère et la violence partout affleurantes, frémissantes, incandescentes. Brrr …

 

Houris, roman de Kamel Daoud – Prix Goncourt 2024 – édité chez Gallimard, 412 p., 23€

Commentaires
B
Je vais bien évidemment le lire. J'en ai envie depuis sa sortie en librairie et de plus je l'ai écouté à La Grande Librairie.<br /> Je te souhaite un doux week-end Marie-Pierre.<br /> Amitiés.<br /> Bernadette.
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P
J’avoue que je suis assez circonspecte en général vis à vis des prix Goncourt, que je trouve assez inégaux.<br /> J’ai donc lu les 30 premières pages, en ligne gratuitement sur le site de l’éditeur. <br /> J’avoue que je n’ai pas eu envie de poursuivre, tellement le style est artificiel (on n’imagine pas cette femme s’exprimer comme cela), pesant et étouffant.<br /> C’est peut-être dommage, mais je pense que l’écrivain doit avant tout penser au lecteur, et à son plaisir de lecture. La forme ne doit pas être soumise au fond. Mais c’est un avis tout personnel.
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L
Je ne l'ai pas encore acheté mais cela ne va pas tarder
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J
Bonjour, j'ai prévu de lire ce livre que j'ai réservé à ma bibliothèque de quartier après avoir entendu Kamel Daoud s'exprimer dans une émission littéraire. Douce journée.
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