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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 6 petits-enfants.
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4 octobre 2024

Les derniers jours du Parti socialiste, roman d'Aurélien Bellanger

La dystopie est un genre littéraire à la mode depuis George Orwell. Cela donne des romans parfois amusants, parfois effrayants, parfois aussi ennuyeux …

Plus que jamais soucieuse de comprendre les tendances profondes de notre vie politique devenue chaque jour plus complexe, j’ai été attirée par le titre de ce roman, me souvenant de l’excellent ouvrage de Jean-Pierre Deshodt sur La face cachée du socialisme français.

Hélas, j’ai vite découvert que ce titre, comme le reste du roman, était d’emblée une imposture : il s’agit en fait d’une fantasmagorie pseudo philosophique dont le propos est de raconter comment un cénacle de penseurs pour la plupart issus de la gauche, infiltrant les rouages les plus élevés du gouvernement (toujours cette haine de l’élite) et sous couvert de sanctuariser la laïcité, propulse l’extrême-droite à la tête de l’Etat, naturellement avec la complicité active d’un président de la République rêvant d’un troisième mandat.

Un concentré de fantasmes, un salmigondis de concepts philosophiques et de références littéraires jetés comme autant de clins d’œil complices à un lectorat de « sachants », un style boursouflé qui s’imagine relever de Balzac ou d’Houellebecq, un livre fait de méchancetés pas toujours gratuites et de haines recuites.

C’est un roman à clés (très facilement décodables) mêlant personnages réels et héros à peine voilés. Trois principaux acteurs de cette tragi-comédie politico-médiatique : un apparatchik socialiste rancunier peu connu du public récemment décédé – Grémond – deux philosophes très présents dans les médias – Taillevent et Frayère – un cercle de réflexion transpartisan – le Mouvement du 9 décembre - des journalistes engagées – Véronique Bourny et Lili Caen – un ex patron rédacteur en chef de journal satirique provocateur puis de radio nationale – Revêche - un hebdomadaire d’opinion émanation du Mouvement, le romancier lui-même … entre autres.

Sans trop de peine, le lecteur au fait de la politique politicienne aura reconnu sous ces avatars, respectivement : Laurent Bouvet, Raphaël Enthoven et Michel Onfray, Le Printemps républicain, Caroline Fourest et Rachel Kahn, Philippe Val, Franc-Tireur.

Deux remarques : il est facile de mettre en scène un mort qui par nature ne peut se défendre. Sartre n’écrivait-il pas : « on entre dans un mort comme dans un moulin ». Une figure de chimère fort paradoxale : le personnage de Frayère est constitué moitié par Michel Onfray et moitié par Eric Zemmour.

J’avoue avoir dû me faire violence pour aller au bout de cette satire de la « gauchitude » d’une partie de notre classe politique. C’est évidemment une critique cruelle - et parfois malheureusement pertinente – de la génération embourgeoisée des soixante-huitards et d’un logiciel de la Gauche (DES Gauches) qui n’est plus opérant dans la France contemporaine si précisément révélée par Jérôme Fourquet.

De là à considérer que les horribles attentats contre Charlie hebdo, le Bataclan ou les professeurs assassinés constituent une opportunité, comme le déclare Grémond : « Nous sommes en capacité, sans forcer la main ou la nature de personne, de faire de ces drames la plus grande opération de relations publiques de l’Entreprise France. », il y a une dose de cynisme qui me stupéfie.

C’est donc un ouvrage dérangeant, une explication peu convaincante du marasme institutionnel actuel sans critique objective des motifs qui motivent le succès grandissant des deux tendances extrémistes de l’électorat, une mise en scène ridicule de responsables largement cités par leur nom et leur fonction …

C’est chouette, une démocratie où l’on peut raconter n’importe quoi sous prétexte de licence poétique et de liberté d’expression, mais, comme le qualifiait le Canard enchaîné pour certains films « On peut ne pas voir », on peut donc s’abstenir d’aller jusqu’à la 470ème page de ce pénible ouvrage.

De temps à autre, cependant, j’ai souri en découvrant le concept de « gauche pastèque » : un gauchiste à l’intérieur camouflé en écologiste à l’extérieur. Je vois que je ne suis plus dans le coup !

 

Les derniers jours du Parti socialiste, roman d’Aurélien Bellanger, publié aux éditions du Seuil, 470 p., 23€.

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