Le filet de protection, polar d'Andrea Camilleri
Cette tranche de vie du commissaire Montalbano est l’avant dernier roman de la série disponible en français.
Andrea Camilleri a quitté ce monde à l’été 2019 (à 93 ans !) et laisse derrière lui une œuvre considérable dont les enquêtes de Salvo Montalbano constituent une partie majeure, largement mise en valeur par son fidèle traducteur Serge Quadruppani et popularisée par une série télévisée.
C’est d’ailleurs par une lettre du traducteur à son personnage fétiche que commence le roman.
Une manière de donner au lecteur qui « tomberait » par hasard dans ce livre pour la première fois quelques clés linguistiques pour appréhender dans toute son originalité la langue spécifique de ces aventures : le « camilliéresque ».
Une langue dont le traducteur se demande aujourd’hui comment il va faire pour se passer, cette sorte d’italien sicilianisé fait de l’emploi fréquent du passé simple, des formes pronominales, des déformations de prononciation et d’ajouts de la lettre a avant les verbes … Pour moi qui ai lu un grand nombre des épisodes, cette langue m’est devenue familière … Mais au début, cela peut surprendre.
Dans cet opus, deux intrigues se mélangent, comme dans une classique série policière américaine. D’autant plus que la cité si tranquille de Vigàta sert de décor au tournage d’un feuilleton suédois dont les équipes envahissent jusqu’à la plage devant laquelle Salvo a sa maison …
Deux intrigues qui présentent un point commun : le concept de protection, celle que les adultes doivent aux mineurs. Une très vieille affaire de suicide d’un adulte lourdement handicapé, un cas de harcèlement scolaire affectant l’un des camarades de classe de 4ème du fils de Mimi Augello dont Salvo est le parrain. Une autre notion aussi : le remords.
Mais surtout une occasion de retrouver le petit monde du commissaire : Catarella, Ingrid, Adelina, Livia l’éternelle fiancée génoise, Augello le séducteur et son épouse pas toujours résignée Beba, Fazio et ses généalogies à rallonge … On finit par les considérer comme autant d’amis.
Il est vrai que dans cet épisode, les uns et les autres en font un peu des caisses … Mais on peut pardonner à l’auteur devenu aveugle et contraint de dicter ses histoires à une collaboratrice … à moins que ce ne soit le traducteur qui s’est fait plaisir.
Un plaisir de lecture toujours intact depuis vingt années !
Le filet de protection – La rete di protezione - polar d’Andrea Camilleri traduit de l’italien par Serge Quadruppani, en édition Fleuve noir collection Pocket, 303 p., 8€.