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Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 6 petits-enfants.
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7 octobre 2024

Il nous fallait des mythes, essai d'Emmanuel de Waresquiel

Emmanuel de Waresquiel – né en 1957 - est un éminent historien spécialiste de la Révolution, de l’Empire et des monarchies constitutionnelles.

Cet ouvrage nous invite à revisiter quelques-uns des épisodes devenus symboles de la Révolution française, largement diffusés dans les manuels scolaires. Il nous explique à quelles fins ces événements ont été mis en lumière, parfois réécrits, voire inventés, en insistant sur le caractère paradoxalement religieux des actes, images, tableaux célèbres, textes et paroles de cette période de basculement de notre histoire.

Il en est ainsi de l’exécution de Louis XVI qui en fait immédiatement un saint et martyr de droit divin. Dès 1793 en effet, le pape Pie VI officialise la version chrétienne de son « assassinat » et en fait « l’oint souffrant du Seigneur pour la cause de l’Eglise et de la Foi. »

Légendes aussi, les paroles que l’on prête aux condamnés juste avant leur supplice : Danton et « Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine » ou Bailly, Maire de Paris « Oui, je tremble, mais c’est de froid ».

Il y aura aussi, cette phrase mise au crédit de Cambronne à Waterloo : « La garde meurt mais ne se rend pas ».

La « déconstruction » fondée sur l’analyse des textes permet de prendre conscience des bobards dont l’actualité, hier comme aujourd’hui, nous abreuve, l’entreprise de fabrication a posteriori de mythes largement diffusés pour justifier une décision ou encourager le développement d’une opinion.

Sont passés en revue la valeur des serments – le plus célèbre, celui du Jeu de paume, la prise de la Bastille, la signification du drapeau tricolore et la symbolique des couleurs, l’apparition du coq gaulois, symbole de l’éveil (cf le mouvement woke aujourd’hui), la célébration du 14 juillet (prise de la Bastille ou fête de la Fédération ?), l’image de la guillotine, la mort chrétienne de Marie-Antoinette, l’inversion des valeurs pour les batailles de Valmy et Waterloo.

Autant de mythes et légendes, souvent issus de grandes œuvres littéraires – Victor Hugo, Alexandre Dumas entre autres - largement utilisés à dessein pour justifier de politiques, susciter l’ardeur républicaine ou l’union nationale devant les périls. Car les périodes de l’histoire qui suivent les crises ou les guerres ne vont pas sans un travail intense de construction mémorielle : on élague ce qui gêne, on insiste sur ce qui fonde l’unité d’un pays. Un sport national dans les pays autocratiques aujour'hui.

Et ainsi, depuis la Révolution, deux légitimités continuent de s’affronter : celle de l’élection et celle de la rue. Dans le titre de son ouvrage, l'auteur utilise l'imparfait ... je ne suis pas tout à fait d'accord avec lui.

« La Révolution est un bloc » disait Georges Clemenceau à la tribune de l’Assemblée le 29 janvier 1891 … L’analyse d’Emmanuel de Waresquiel ne nous décrypte pas encore cet aphorisme … Dommage !

 

Il nous fallait des mythes – La Révolution et ses imaginaires de 1789 à nos jours – essai d’Emmanuel de Waresquiel publié chez Tallandier, 445 p., 24,90€

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