Caillebotte, peindre les hommes, au musée d'Orsay
C’est l’exposition qu’il ne faut pas manquer, mais elle se mérite … Dès le matin, il faut jouer des coudes pour admirer cette collection fantastique, et cela en vaut la peine.
Ami et mécène discret des Impressionnistes, citadin, héritier d’une confortable fortune familiale, rentier et célibataire – mais on lui connait deux longues liaisons féminines, amateur d’horticulture et de philatélie, Gustave Caillebotte (1848 - 1894) est surtout un grand peintre et collectionneur qui n’a jamais eu besoin de vendre ses toiles pour vivre.
L’exposition montre à quel point il préparait ses tableaux, choisissant des sujets et des cadrages originaux et modernes pour son époque et son milieu familial.
Caillebotte porte un regard très personnel sur sa propre identité d’homme avec la volonté de s’affranchir des codes sociaux de son temps - un monde très masculin où l'on ne voit que peu de femmes dans la rue.
Et sur son intimité à travers cette image d’un homme au sortir du bain, ou ses portraits de bourgeois en costumes sombres, célibataires comme lui, jouant au bézigue, accoudés au balcon d’un immeuble haussmannien … imposants, tranquilles.
Bien entendu, tout le monde connait le fameux tableau des raboteurs de planchers, qui fut refusé au Salon de 1875. Mais à part aux Etats-Unis où il rencontre le succès, Caillebotte n’était pas très renommé dans son propre pays. Il en existe plusieurs versions.
Sa production est pourtant à la fois diverse et abondante. Il est reconnu surtout pour avoir largement contribué à aider ses camarades Impressionnistes en leur achetant des toiles et en organisant leurs expositions de 1877,79, 80 et 82.
La présentation du musée d’Orsay est magistrale mais elle introduit aussi un certain malaise. Pourquoi ce biais de ne présenter que des portraits masculins – sauf le nu au divan, particulièrement réaliste et pour lequel sa compagne Anne-Marie Hagen a posé. Trois nus qui ne seront montrés qu’après sa mort … dont on peut déduire que l’homme était particulièrement pudique sans en inférer quoique ce soit d’autre …
Disparu prématurément à 45 ans en pleine séance de peinture, Gustave Caillebotte a fait don de sa collection à l’Etat : elle a constitué le noyau du patrimoine impressionniste du musée d’Orsay …
Centre trente ans après sa mort, une telle exposition est la bienvenue.
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Caillebotte – peindre les hommes, exposition au musée d’Orsay jusqu’au 19 janvier – à partir de 9h 30, sauf le lundi – Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris.