Le palais de l'infortune, polar de Donna Leon
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Ce qui est rassurant, lorsqu’on commence un nouveau roman de Donna Leon, c’est la certitude d’y retrouver l’un ou l’autre des thèmes chers à l’auteur. Ainsi en est-il de la corruption des élites, des atteintes à l’environnement, de la criminalité organisée … et du charme évanescent – et menacé - de la Sérénissime.
Dans cette nouvelle enquête du commissaire Guido Brunetti, outre l’ambiance ineffable d’un début de novembre sur la lagune, nous retrouvons avec bonheur les acolytes du policier : l’agent Vianello, la commissaire Griffoni, l’expert Bocchese, le légiste Rizzardi … sans compter le vice questeur Patta – mais qui n’intervient pratiquement pas, une faible activité, mais très efficace, de la signorina Elettra et, naturellement, la famille de Guido.
Paradoxalement, l’intrigue débute par le pas de clerc d’un des membres de l’équipe, jusque là sans histoire ni relief : Alvise. On se demande pourquoi, sauf une occasion de proclamer l’évolution des esprits, même en Italie aujourd’hui. Mais c’est surtout l’assassinat d’un homme lui aussi sans histoire qui enclenche la recherche d’une vérité bien oubliée.
Le corps d’Inesh Kavinda, citoyen Srilankais, est retrouvé dans un canal, non loin du palais décrépit d’un professeur d’université - tout aussi mal en point - qui l’employait comme aide à domicile, en échange d’un hébergement et de divers travaux. Qui aurait bien pu s’en prendre à un homme aussi discret, qui envoyait régulièrement de l’argent à sa famille, décrit par tous comme serviable et oeuvrant pour s’intégrer à la société en peaufinant sa connaissance de la langue à travers la lecture de romans policiers ?
Parmi les papiers de la victime, un recueil de coupures de presse relatant les tensions politiques des "années de plomb" de 1970 à 1988, le terrorisme des extrémistes poseurs de bombes et spécialistes des enlèvements de personnalités politiques … Etrange découverte.
Et il se trouve que l’épouse du professeur est une ancienne condisciple de Brunetti. Mais l’interrogatoire de son mari, qui cherche à faire reconnaître ses origines nobiliaires et enseigne l’histoire médiévale, s’avère compliqué …
Une occasion pour Guido de se souvenir des idées subversives de sa jeunesse, comme celles des camarades de son temps, si éloignées de la réalité tout aussi révoltante d’aujourd’hui …
Beaucoup de digressions, mais une construction finalement très logique, une parenthèse de lecture trop vite avalée, mais un style tellement agréable à dévorer !
Le palais de l’infortune – So shall you Reap – polar de Donna Leon traduit de l’anglais par Gabriella Zimmermann – Editions Calann-Lévy Noir, 331 p., 22,50€