La guerre et le crime, polar historique de Pascal Chabaud
Avec les enquêtes de Joseph Dumont, ne vous attendez pas à des fioritures ni a de longues digressions. Le style de Pascal Chabaud est un peu comme « L’homme qui marche » de Giacometti, tout en rigueur et taillé à la serpe …
Du condensé d’action, malgré une foule de personnages très attachants et des références historiques bienvenues.
Ce troisième opus se déroule entre le 19 février et le 20 avril 1942, entre Vichy, Clermont-Ferrand et Riom, au moment où vient de s’ouvrir le procès des dirigeants de la France de 1936 au 10 mai 1940, au fallacieux motif que Daladier, Blum, Guy Lachambre, Robert Jacomet et le général Gamelin auraient été les responsables de la catastrophe.
Mais rien ne se passe comme l’ont souhaité ceux qui les avaient condamnés d’avance. Car les débats, dont mystérieusement les minutes échappent à la censure et se retrouvent in extenso dans les journaux étrangers, provoquent chez Hitler de violentes colères …
Joseph Dumont vient d’être promu commissaire après avoir réussi à éviter l’assassinat du Maréchal, lui qui, paradoxalement, fait partie d’un réseau de Résistance …
Assisté de Nestor, expert scientifique et faussaire de génie, il est la cible d’un potentat local, industriel de la confiserie et agent de la Cagoule, l’organisation occulte dérivée de l’Action française : Lucien Thévenet. Etrange personnage entouré d’une bande de nervis, un planqué qui n’a de cesse que de déstabiliser l’institution républicaine mais est cependant totalement opposé au retour de Laval au pouvoir ; car il pense à l’«après», ou comment sauvegarder l’esprit de la « révolution nationale » au retour de la paix. Nous savons aujourd’hui comment certains y sont presque parvenus !
Sur le fond des audiences du procès, de la dislocation des familles et du chaos économique d’une France saignée à blanc par l’occupant et les trafiquants, la police continue la lutte contre des assassins sans complexes, au risque d’y laisser sa peau et, pour certains, son âme.
N.B. Une plongée dans cette région aujourd’hui si paisible, justement à l’époque où mon père Jean, dans la nuit du 13 février 1942, traversait en clandestin la ligne de démarcation après sa dernière évasion du stalag de Stettin.
La guerre et le crime, polar historique de Pascal Chabaud, Editions Christine Bonneton, 252 p., 17,90€