Fascisme et totalitarisme, par Ernst Nolte, présenté par Stéphane Courtois

Pour parler de façon pertinente à Apolline de son programme d’histoire, j’ai retrouvé dans ma bibliothèque un ouvrage appartenant à mon cher et tendre … un recueil de textes publiés en 1963 par l’historien allemand Ernst Nolte (1923 – 2016), spécialiste des mouvements politiques de l’entre-deux guerres, mis en forme par Stéphane Courtois, une référence pour moi.

Dans l’ouvrage de Maurizio Serra « Le mystère Mussolini », j’ai appris que dans sa jeunesse, si le futur Duce se proclamait socialiste, il avait été influencé par l’Action française. Le fascisme italien (entre autres mouvements de ce genre) étant explicitement un des modèles du nazisme, j’ai voulu en savoir plus.

J’ai donc creusé les origines de cette école de pensée de la fin du XIXème siècle et les idées de son fondateur : l’essayiste Charles Maurras (1868 – 1952).

Au départ de ma quête, j’ai voulu expliquer la signification  du « faisceau », son origine romaine – le faisceau du licteur – et j’ai constaté avec stupéfaction que cet emblème est aussi celui de la présidence de notre République : un faisceau de verges liées entre elles par des lanières autour d’une hache - il y a aussi des branches de chêne et de laurier, symboles de l'unité de la République … Image du pouvoir de contraindre et de punir, attaché à la puissance publique.

J’avoue que je ne m’étais jamais préoccupée d’étudier de plus près l’Action française, sachant seulement que ce mouvement avait été très actif au début du XXème siècle, à l'origine une petite revue en 1898, dirigée par Charles Maurras, et particulièrement en pointe contre le Front Populaire.

Un mouvement créé, selon Nolte, à la suite de l’affaire Dreyfus. Plus précisément avec un article du jeune Maurras publié au lendemain du suicide du colonel Henry, celui qui avait forgé les fausses preuves aboutissant à la condamnation du capitaine Dreyfus, et prenant la défense de Henry, arguant d’un mensonge vital pour une armée menacée.

C’est l’époque où se créent la Ligue des Droits de l’Homme d’un côté et la Ligue de la Patrie française de l'autre en cette fin d’année 98. L’Action française va devenir en 1908 un quotidien largement diffusé, d’essence royaliste, qui envisage la prise de pouvoir par la force, prône une violence organisée  (expéditions punitives contre les adversaires de gauche socialistes, marxistes, francs-maçons …), pratique un antisémitisme forcené et la lutte contre la démocratie et le parlementarisme.

Les mouvements d’extrême-droite – Croix de feu, Jeunesses patriotes, Faisceau, Parti populaire de Jacques Doriot, la Cagoule) s’en inspirent, malgré la victoire des démocraties en 1918 et la condamnation du mouvement par le Pape. L’Action française soutiendra fidèlement le maréchal Pétain, diffusant la haine des Anglais et des Juifs pendant l’Occupation.

On retrouve ainsi les grandes lignes communes à ces mouvements politiques : antimarxisme, antilibéralisme, priorité de l’Etat sur l’individu, police politique, violence de milices paramilitaires, plus tard élimination des populations considérées comme non homogènes (ethniquement et/ou culturellement, obéissance à un chef dynamique …

Tout y est …

Charles Maurras fut capturé à Lyon en septembre 1944, condamné à la réclusion perpétuelle pour intelligence avec l’ennemi mais remis en liberté pour raison de santé, il meurt en 1952.

Mais selon toute vraisemblance, sa philosophie continue d’inspirer bien des gens de nos jours …

Fascisme et totalitarisme, par Ernst Nolte, édition établie et présentée par Stephane Courtois, éditions Bouquins - Robert Laffont (2008), 1088 p., 32€

Comments

[lizagrece]

Hélas ! la bête immonde n'est pas morte !