Duels, l'art du combat - exposition au musée de l'Armée

Une exposition embrumée de testostérone …

Ou comment, à travers les siècles et les continents, les hommes – bien plus rarement les femmes mais elles n’en sont pas tout à fait exclues – se sont affrontés pour vider une querelle amoureuse ou artistique, religieuse ou sportive, ou simplement pour mettre en valeur son courage suprême ou peaufiner sa communication.

Avec la perspective toute proche des duels olympiques – le chantier des gradins en cours d’érection juste devant l’Hôtel des Invalides est là pour nous y préparer.

Pratiqué, toléré ou condamné, mais toujours valorisé, le duel est un véritable phénomène social, qui a su traverser les frontières et les âges. Féroce, flamboyant, grave ou spectaculaire, il reste aujourd’hui un mode de confrontation très présent dans les esprits, sous des formes différentes, dans l’univers de la politique et devant les téléspectateurs, du sport, de l’art ou bien du jeu vidéo.

Le musée de l’Armée revient ainsi aux sources historiques du duel pour en explorer les grands principes et les évolutions, jusqu’aux fantasmes de notre imaginaire collectif. Où, qui, quand, comment, pourquoi : quelques réponses.

Tout au long du parcours sont évoquées les grandes figures de duellistes historiques : Mademoiselle de Maupin transperçant de son épée le duc de Luynes à l’épaule avant de le prendre pour amant ; les samouraïs Musashi et Kojiro s’affrontant sur l’île de Granryu.

Ce fut le dernier duel judiciaire – et qui aurait consacré en fait l’exécution d’un innocent et le mensonge d’une femme l’ayant faussement accusé de viol ; ou encore le baron de Jarnac et François de Vivonne, seigneur de La Châtaigneraie, se battant en duel devant le roi Henri II et la cour réunie au château de Saint-Germain-en-Laye en 1547.

Le duel ou mille et une manières de ritualiser la violence.

Mais ici, l’abandon d’une grande partie de nos illusions. Face à mes réminiscences des films de cape et d’épée (Jean Marais, les trois Mousquetaires …) adorés dans mon enfance, regarder les images filmées des vrais duels de personnalités du début du XXème siècle vous font mesurer à quel point ces poussées d’extrême violence revêtent de sautillances et de ridicules.

On choisit un lieu où le public – dont les journalistes et les cinéastes – assiste au spectacle, on se griffe au premier sang et la querelle est aussitôt vidée, on se rabiboche bruyamment …

Parfois cependant, on y laisse la vie, comme ce pauvre journaliste républicain Armand Carrel qui reste sur le carreau après avoir défié le fondateur de La Presse, Emile de Girardin.

Le duel eut lieu le 21 juillet 1836 au bord du lac de Saint-Mandé : Girardin est blessé à la cuisse, Carrel à l’aine … il en meurt trois jours plus tard. Il avait 36 ans.

Comme quoi, le temps et la connaissance n’ont pas tellement progressé face à la violence des hommes …

Duels, l’art du combat, exposition à l’Hôtel national des Invalides 129, rue de Grenelle – 75007 Paris,  jusqu’au 18 août, tous les jours à partir de 10h. (Attention, l’accès par la place Vauban n’est ouvert qu’à partir de 14 h). 15€

Comments

[Lyllia]

Lors de la Nuit du Droit, le mercredi 4 octobre 2023 , l'épisode judiciaire de Jean de Carrouges/ Jacques Legris a été revisité brillamment au tribunal de Lisieux . Je me demande si on peut ecouter cette plaidoirie.
Par ailleurs, comment est décédée l'épouse de Jean de Carrouges,le duel ayant donné raison à son agresseur ?En principe,on considère qu'elle a menti et doit subir un châtiment cruel.