Robert Badinter : "l'enseignement de la vérité et la force de la justice".
Coïncidence ou signe du ciel ? Je venais juste de parcourir la page qui lui est consacrée dans « l’Histoire juive de la France »* que j’ai appris la disparition de Robert Badinter (1928 - 2024) …
Il m’était arrivé de croiser sa frêle et discrète silhouette dans mon quartier puisque je savais qu’il habitait à moins de 100m de chez moi.
Je n’ai jamais cessé d’admirer cet homme qui pour moi a toujours représenté le droit et la dignité humaines.
Une figure éminente de la gauche sincère, un homme de mémoire et d’acharnement à défendre la cause de sa vie : l’abolition en France de la peine de mort, lui qui avait vécu dans sa famille l’horreur des meurtres nazis.
C’est l’honneur de certains (rares) politiques de réussir à contrer la volonté générale au nom de la grandeur de la condition humaine.
Que restera-t-il à l’aune de la vérité historique de la présidence de François Mitterrand ? Pour moi, c’est cette loi d’abolition qui fut portée par l’avocat Robert Badinter. Comme il restera du mandat de Valéry Giscard d’Estaing la dépénalisation de l’IVG ou pour François Hollande la possibilité du mariage pour tous …
Des réformes globalement non souhaitées par la majorité du public, mais largement adoptées par la suite. Des pas en avant dans le progrès de la tolérance. Car l’application de la peine de mort n’a jamais dissuadé aucun criminel de commettre son acte, et c’est bien ce que déclarait Robert Badinter, avocat de Roger Bontems condamné comme complice de Claude Buffet et décapité en 1972.
Toute sa vie, cet avocat à la puissante force de conviction, aussi bien dans les prétoires que devant l’Assemblée nationale, a défendu sans relâche les causes auxquelles il s’était dévoué, sans rien revendiquer ni hommage ni médaille. Il restera une des hautes figures de notre vie politique, par ailleurs si pauvres en héros …
Toutes mes pensées vont à Elisabeth, son épouse et à Judith, Simon et Benjamin, leurs enfants.
*Histoire juive de la France, ouvrage collectif édité sous la direction de Sylvie Anne Goldberg édité chez Albin Michel (page 758)