Les ténèbres et la nuit, thriller de Michael Connelly
Episode après épisode, Michael Connelly passe désormais la main et donne la prééminence à sa nouvelle héroïne, Renée Ballard, qui a choisi pour mentor Harry Bosch qu’elle associe de plus en plus à ses enquêtes.
La policière surfeuse native d’Hawaï s’est accoutumée à son affectation au service de nuit, qui lui permet la plupart du temps de travailler en solo. Et c’est justement en cette nuit de la saint Sylvestre particulière qu’elle est appelée sur une scène de crime : depuis l’affaire « Black Lives Matter », la police de Los Angeles est comme tétanisée. On a demandé à toutes les unités de partir sur le terrain revêtues de leur uniforme, mais dans les commissariats, le ressort est cassé.
Au milieu des feux d’artifices célébrant le passage à l’année 2021, un garagiste est retrouvé mort. Est-ce la retombée d’un balle tirée en l’air ou un meurtre ? C’est la première énigme à laquelle Ballard est confrontée. Ce chef d’entreprise familiale, ex-membre d’un gang qu’il a quitté moyennant rançon voici plus de 15 ans aurait-il des ennemis ?
Autre crime à répétition : trois agressions sauvages de jeunes femmes, perpétrées à leur domicile les soirs de fête, par une équipe de deux violeurs qui disparaissent sans laisser de traces : il faut impérativement stopper les "Hommes de minuit" avant qu’ils ne passent au meurtre. Difficile d’interroger les victimes traumatisées, qui revivent très mal leur agression. Comment ont-elles été ciblées ?
Des éléments de balistique conduisent Renée Ballard à prendre à nouveau contact avec Bosch à propos d’affaires anciennes non résolues. Le vieux flic ne demande pas mieux et va lui apporter son soutien, pour l’étude des archives comme pour couvrir ses arrières.
Plus que la trame policière, c’est ici, comme toujours, l’ambiance régnant au LAPD en cette période de pandémie et de mouvements politiques confus qui prévaut.
Renée est écœurée du laxisme de certains de ces collègues, du définancement des forces de police, stupéfaite de l’invasion du Capitole à l’initiative du candidat vaincu à la présidentielle. Elle envisage sérieusement de raccrocher devant l’incompréhension de sa hiérarchie. Paradoxalement, Harry Bosh, lui jadis si critique, la convainc qu’il n’est possible de réformer une institution que de l’intérieur.
C’est un thriller particulièrement complexe, riche d’indices semés ça et là, avec une scène particulièrement violente au chapitre 29. Renée Ballard et son comparse ont toujours la pêche (elle lui ressemble terriblement), chacun dans son domaine de compétence … mais comme toujours, leur vie ne tient qu’à un fil !
Les ténèbres et la nuit (The Dark Hours), thriller de Michael Connelly traduit de l’anglais par Robert Pépin, chez Calmann-Lévy, 415 p., 22,50€