La patrouille de l'aube, polar de Don Winslow
On pagaye pas mal avant de pouvoir monter sur la planche de ce polar consacré au surf … Mais assez rapidement, tout se met à glisser sur le dos de la vague gigantesque qui s'annonce venir de l'autre rive du Pacifique.
Pour décor principal, l’océan – à gauche de l’autoroute Pacific High Way – la croissance de la cité tentaculaire de San Diego et de ses multiples pseudopodes poussés le long de ses plages, les hippies devenus des hommes volants sur leurs planches, qui ne vivent que par et pour le surf.
La patrouille de l’aube, c’est une galerie de mecs liés d’une amitié et d’une loyauté indéfectibles.
Boone Daniels, l’ancien flic devenu détective privé à temps très partiel, Johnny Banzaï le flic d’origine japonaise, Sunny Day la surfeuse à crinière de feu, Dave le Dieu de l’amour qui sauve des vies tous les jours, Hang Twelve (doté de douze orteils), High Tide, les Samoans et les Hawaïens qui ont importé ce sport génial sur la côte ouest et les autres, l'avocate britannique Petra qui veut enrôler Boone pour attraire Tammy devant la Cour, les trafiquants en tous genres que traquent Johnny et Boone.
Ce n’est pas tellement l’intrigue, filandreuse à souhait, qui compte, mais le style, l’humour parfois noir, les personnages dopés au sport et à l’adrénaline, le combat sans cesse évoqué dans l’œuvre de l’auteur contre le mal absolu : les trafics en tous genres, de la drogue aux êtres humains.
Une incursion dans cette Californie du sud finalement mal connue, dont on apprend l’histoire urbaine comme dans un guide touristique, entre champs de fraises où s'affairent des clandestins venus du Mexique grâce à des passeurs mafieux, hôtels de luxe et motels pourris, cliniques d’esthétiques ou de psychologie et boîtes de strip-tease ouvertes 24/24.
Beaucoup de scènes de combats, à coups de poings et d’armes à feu, encore mieux suivis qu’au ralenti au cinéma, des moments où l’on vogue sur la planche à travers les vagues monstrueuses, toute la culture spécifique de ces grands athlètes musclés, bronzés, la tignasse délavée et les yeux couleur de mer … qui attendent - avec les photographes spécialisés et les sponsors - la vague monstrueuse née d'un tremblement de terre sous-marin.
La patrouille de l’aube (The Dawn Patrol), polar de Don Winslow, traduit de l’anglais par Frank Reichert, publié aux éditions du Masque, 478 p., 8,40€