Vingt ans après, retour à la case départ
Rien appris, rien oublié …
Vingt ans après, ce n’est hélas pas le titre du fameux roman d’Alexandre Dumas mais le constat d'échec de l’Occident face à la furie islamiste qui a connu son apogée le 11 septembre 2001. Une journée à jamais imprimée dans notre mémoire.
Dans quel monde vivons-nous, est-on tenté de s’interroger ?
Comment les principes humanistes du siècle des Lumières, les écrits des philosophes qui ont façonné l’indépendance des 13 colonies américaines, l’abolition des privilèges de naissance, la proclamation des Droits de l’Homme, l’abolition de l’esclavage, l’égalité entre les sexes – bien récente et pas encore accomplie celle-là – la mise au pilori – encore théorique – du racisme et de l’antisémitisme continuent-ils à être bafoués au XXIème siècle ? Par quelle aberration sommes-nous encore, collectivement et individuellement de plus en plus, enclins à la violence la plus sauvage quand les mots et le dialogue des cultures s’évanouissent ?
Retour à la case départ en Afghanistan. Après 20 ans de guerres intracommunautaires et internationales où n’ont pas été ménagés les moyens humains, techniques et financiers de tous les pays dits évolués. Comment et pourquoi un tel fiasco est-il possible ? Comment une divergence de conception du monde – selon certains on parlerait de « Weltanschauung » (vue métaphysique du monde) – a-t-elle pu aboutir à de telles boucheries ?
Est-ce la faillite de notre mode d’éducation devenue au fil des ans de plus en plus permissive, à la présence irritante de thèses complotistes diffusées afin de déstabiliser le système capitaliste, à l’hyper mise en valeur de minorités qui se considèrent comme opprimées et qui accèdent enfin – via les réseaux sociaux – à la parole ?
Nous éprouvons aujourd’hui les aspérités de la face cachée de libertés pourtant durement conquises : celles de la maîtrise de la fécondité, de la victoire sur des maladies autrefois mortelles, de manifester, d’ester en justice, d’attaquer les gouvernants pour leur action politique alors que la participation aux élections est en chute libre, d’envahir les institutions sur un simple appel au chaos. Mais nous sommes impuissants à empêcher les trafics illicites, les violences intrafamiliales, les atteintes à notre environnement ...
Qui va nous aider à retrouver nos esprits ? Un dictateur, un homme – ou une femme – providentiel.elle ? Je n’y crois pas une seconde.
Churchill disait – paraît-il – que la démocratie était le pire des régimes politiques à l’exception de tous les autres. Et la démocratie – privilège fragile des sociétés avancées - s’exerce par l’intermédiaire des représentants que le peuple a librement élus. Si la liberté d’opinion et d’expression est une liberté fondamentale de l’Homme, que penser des fausses informations et des « trolls » dont nous sommes abreuvés ? Cela vaut aussi pour les religions qui ne sont pas au-dessus de la liberté d’expression. Cela implique aussi le principe de la séparation des pouvoirs, condition indispensable à la protection des droits humains.
Je sais, je ne suis qu’une vieille ratiocineuse, avec des idées complètement dépassées. Malgré tout, j’y suis viscéralement attachée et j’espère que nous allons revenir à ces principes élémentaires du vivre ensemble, malgré les années qui nous attendent et qui m’apparaissent bien sombres …
Dieu merci, du fait de mon âge avancé, je ne verrai sans doute pas le retour des jours paisibles – si tant est qu’il y en eut jamais – mais je suis inquiète pour les enfants et mes petits-enfants.