En France, on ne meurt pas que de la Covid ...
Je sais que je ne vais pas me faire que des amis, mais c’est mon opinion, et je la partage ! En fait, je relaie simplement la déclaration d'un médecin réanimateur du CHU de Toulouse, qui me semble pleine de bon sens :
« A condition d'avoir des réanimations en état de fonctionner, on ne meurt pour ainsi dire plus du Covid-19. Cette phrase peut choquer mais c'est notre expérience. Quand les services n'étaient pas débordés, seulement très mobilisés, avec des personnels préparés et formés, ce qui a été notre cas à Toulouse, les patients ont survécu. Certains sont morts avec le Covid, mais pas du Covid. Comme ce patient cancéreux ne pesant plus que 37 kg pour 178 cm qui, en contractant le virus, a vu sa vie raccourcie de quelques jours. Ces patients ne peuvent justifier le chômage des jeunes. Ni les dettes abyssales laissées aux générations suivantes. Ni le renoncement massif à nos modes de vie.
Oui, nous autres soignants, avons eu du travail, certains se sont contaminés. Peu en sont morts, et probablement plus aucun n'en mourrait aujourd'hui. C'est notre métier, et nous nous mobilisons tous les jours contre un tas d'autres maladies. La censure morale que certains soignants veulent exercer est une insulte à notre profession. Tous les jours, des gens meurent au travail ou en y allant. Les sauveteurs en mer nous demandent-ils d'arrêter baignade et plaisance au prétexte des risques ? Le virus est là. La majorité n'en subira pas de dommage significatif. Il est parfois virulent mais on sait maintenant soigner la majorité des cas graves. Alors remettons-le à sa juste place ; n'en faisons pas un terroriste, c'est-à-dire un agent dont l'impact psychologique et sociétal dépasse de loin son impact physique."
Je me sens totalement solidaire de ce médecin lucide. Même si à 74 ans, je figure dans la catégorie à risques. Donc, je redouble de vigilance. Mais les faits sont têtus. Il suffit d’examiner la page des annonces de décès du Figaro de samedi dernier : la très grande majorité des personnes qui sont passées de vie à trépas ont plus de 80 ans. Covid ou pas Covid ? Elles ont « fait leur contrat », comme dit l’une de mes filles.
Nous ne sommes plus accoutumés à la mort. Tout a été fait pour la gommer, elle devient indécente. On ne parle plus de personnes mortes mais décédées. Je suis pour ma part, sereine. J’ai vu passer l’occasion plusieurs fois dans ma vie et, chaque fois, j’ai apprécié l’extraordinaire efficacité de la médecine. Et ce, à la charge de chacun de nous. A 21 ans, j’ai eu une tuberculose pulmonaire particulièrement agressive, à 55 ans, j’ai eu un cancer en phase 3, l’année de ma retraite, j’ai fait un infarctus. Chaque fois, j’ai été soignée, cela ne m’a rien coûté. Je suis encore là pour en parler. Mais un jour, il faudra que j’y passe.
Aujourd’hui, une grande partie de mon temps est consacrée à aider mon mari à supporter sa maladie à corps de Lewy, en espérant que la recherche en neurologie trouve un moyen de le soulager. Notre conversation, initiée en 1965, n'a pas cessé.
Il n’y a pas lieu de se plaindre. Ne sacrifions pas notre jeunesse à la survie de quelques mois de ceux, qui, comme moi, ont bien profité du système. Nous, babyboomers, avons eu une si belle vie … elle devra bien cesser un jour. Je n’ai pas peur. Ce n’est pas une raison pour ne pas pratiquer les gestes barrière..
Nous devons tous redoubler de précautions. Ce serait si stupide de succomber à un virus si malfaisant alors que la vaccination prend enfin son élan !