Une histoire inédite de la France en 100 cartes, par Jean Sévillia, J-F Ségard et N. Poussin
Il y a des années que je collectionne les « Histoire de France », depuis le vénérable Ernest Lavisse jusqu’à cet ouvrage abondamment illustré qui va de la préhistoire aux ravages de la Covid.
De l’auteur, j’ai déjà lu plusieurs ouvrages, et je sais qu’il est un historien catholique, royaliste, donc plutôt marqué à droite. C’est nanti de cette précaution que je me suis plongée dans ce livre qui résume en 100 courts chapitres toute l’épopée de notre patrie, des grandes réussites aux désastres pitoyables, en passant par des redressements spectaculaires et les revirements de l’opinion publique les plus récents.
L’apport majeur de ce livre de grand format (26 x 32, relié en dur) est la succession de cartes qui nous montrent immédiatement comment a évolué la géographie politique du pays, avec des légendes très claires et des couleurs parfaitement rendues. Sur la couverture, on "voit" par exemple l'avancée des incursions vikings ...
Particulièrement « visible » est aussi la conquête progressive du territoire vers l’est au cours des siècles. Nous avons du mal aujourd’hui à imaginer notre pays en dehors de ses frontières actuelles. C’est oublier qu’à l’origine, la France – et c’est encore plus vrai du domaine royal au moyen-âge – était « coincée » entre Bretagne et Saint Empire et Bourgogne … C’est l’incessante activité guerrière de Louis XIV qui, avant de ruiner les finances du royaume, a assuré les frontières fortifiées du Nord et de l’Est – merci à l’inlassable Vauban !
On note que la Guerre de Cent Ans a constitué une phase cruciale de l’édification de l’Etat en France puisque la royauté a triomphé des partis princiers et des factions populaires (Armagnacs, Bourguignons, révolte de Jacques Cœur …). La France se dote alors d’un début d’armée permanente et d’un système efficace de collecte de l’impôt.
Luttes incessantes, fronde des parlementaires et des princes, conspirations des frères cadets du roi, guerres de religions, recours à l’aide étrangère : la France, pays de divisions, ce n’est pas une nouveauté. La centralisation du gouvernement selon l’esprit des Lumières et parachevée par Naloléon à l’échelle de l’Europe non plus.
Mais la résilience est forte : après les plus terribles défaites, les envahissements et occupations d’un territoire ou d’un roi tenu en otage, le pays a toujours été capable de reconstruire et de s’acquitter des fortes pénalités infligées par les vainqueurs bien avant le délai qui lui était imparti.
Autre intérêt de l’ouvrage : le rappel des cinquante dernières années de vicissitudes politiques, avec les cartes des scrutins successifs et des phénomènes de mutations les plus récents : désindustrialisation, Gilets jaunes, attentats islamistes, déclin du catholicisme … On retrouve ici les thèses les plus récentes présentées entre autres par Jérôme Fourquet.
C’est à la fois un livre d’histoire ramassé et un atlas très « parlant » que j’offrirai volontiers à mes petits-enfants qui s’intéressent à l’histoire et pourquoi pas, déjà, à la politique, bon sang ne saurait nentir … Et, en définitive, très objectif – selon moi – ce qui n’est pas si fréquent chez les historiens !
Une histoire inédite de la France en 100 cartes, par Jean Sévillia (texte), Jean-François Ségard et Nicolas Poussin (cartographie), édité chez Perrin, 237 p., 27€.