Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Bigmammy en ligne
Bigmammy en ligne
Bigmammy en ligne

Journal de bord d'une grand-mère grande lectrice et avide de continuer à apprendre, de ses trois filles et de ses 7 petits-enfants.
Voir le profil de Bigmammy sur le portail Canalblog

Newsletter
Archives
Derniers commentaires
24 septembre 2020

La splendeur des Brunhoff, par Yseult Williams

 

brunhoff poche

Voici un portrait de famille foisonnant, celui d'un clan d’artistes et mécènes, de découvreurs de talents infatigables, exilés d’Alsace après la défaite de 1870 … se réclamant d’une éventuelle parenté avec Bernadotte …

Un seul conseil avant de rentrer dans cette biographie chorale fourmillante : prendre un stylo et noter qui a épousé qui et quels enfants en sont issus.

D’abord, il y a Maurice (1861 – 1937) né en Allemagne, qui épouse Marguerite Meyer, apparentée à la famille Peugeot. Nous baignons dans l’atmosphère protestante, où le travail et l’étude sont de rigueur, comme la connaissance des langues étrangères et de la musique. De cette union naîtront Cosette, Jacques, Michel et Jean. Chez eux se réuniront bientôt la presse, l’édition, la mode, l’art moderne, la lutte contre le fascisme et l’antisémitisme.

Maurice est ingénieur diplômé de l’école centrale. Il travaille chez Edison. Avec Marguerite, ils partagent la même haine contre les Prussiens. De leur union naîtront quatre enfants : Cosette, Jacques, Michel et Jean.

 

Lucien Vogel

 

vu et les femmes

 

modèle de Worth

 

Babar_et_le_Pere_Noel

Maurice s’associe à l’éditeur Edouard Monnier et se passionne bientôt pour l’édition illustrée. Devenu indépendant, il sera  rapidement l’un des imprimeurs les plus modernes d’Europe, inventant la quadrichromie, passant sa vie entre Londres, Nuremberg, Berlin, Vienne, Budapest et Trieste.

Ses enfants sont naturellement élèves à l’Ecole Alsacienne … Michel (1892 - 1958) y a pour condisciple Lucien Vogel (1886 – 1954), fils du dessinateur caricaturiste allemand de grand talent Hermann Vogel, un marxiste révolutionnaire acharné. Lucien et Cosette tombent amoureux et se marient malgré l’opposition de la famille Brunhoff.

Michel va devenir le croisé de la haute couture française – c’est lui qui présente le jeune Yves Saint-Laurent à son grand ami Christian Dior - et Lucien va révolutionner l’édition de la mode.

Il crée La gazette du bon ton, le Jardin des modes, Vogue-France et le premier magazine de photojournalisme, ancêtre de Life et de Paris-Match : VU.

Entre New-York où il s’associe avec Condé Nast et Paris, entre deux premières théâtrales et la publication des dessins des grands couturiers, les Brunhoff, travaillant en famille, vont connaître le plein succès.

Mais il faut compter aussi avec les opinions résolument pacifistes, antinazies, et même ouvertement prosoviétiques (comme André Gide, entre autres) des enfants de Lucien Vogel.

Le ménage Vogel a trois enfants : Marie-Claude, Nadine et Nicolas. Marie-Claude épousera Paul Vaillant-Couturier, sera célèbre pour son audace à photographier dès 1933 le camp de concentration de Dachau. Résistante, elle sera internée à Ravensbrück, témoignera au procès de Nüremberg, deviendra une des figures majeures du parti communiste.

Jean, le plus jeune fils de Maurice et Marguerite (1899 – 1937) épouse Cécile Sabouraud, fille d’un chirurgien artiste peintre. Sa santé est précaire. Il est tuberculeux et passe sa vie dans des maisons de santé en Suisse. Sa vocation de peintre l’épuise. Un soir, alors que son petit garçon est malade, Cécile raconte l’extraordinaire histoire d’un petit éléphanteau dont la maman a été abattue par de chasseurs. Ce personnage va, sous le pinceau de son papa, faire le tour du monde : c’est Babar. Plus tard, leur fils aîné Laurent, né en 1925, poursuivra l’œuvre de son père décédé prématurément. Un succès mondial de la littérature enfantine.

Toute la crème de l’art de l’entre-deux-guerres défile chez les Brunhoff, on y rencontre tous les artistes qui collaborent volontiers aux pages des revues sublimes du clan Vogel-Brunhoff. Une famille indissociable de la manière de vivre à la française.

Un livre passionnant, malgré quelques inexactitudes – le peintre James Tissot n’est pas anglais, l’atelier de Zadkine n’est pas situé en Tarn et Garonne mais aux Arques dans le Lot, les cendriers du paquebot Normandie ne sont pas siglés CGT en référence au syndicat mais à la Compagnie Générale Transatlantique – une galerie de portraits d’artistes effervescente !

 

La splendeur des Brunhoff, monographie familiale de Yseut Williams, édité en format de poche (Fayard), 412 p., 8,20€

 

 

Commentaires
Pages
Visiteurs
Hier 841
Depuis la création 7 418 986