Sauvages, au coeur des zoos humains, documentaire de P. Blanchard et B. Victor-Pujebet sur ARTE
Au milieu de la débâcle des programmes du samedi soir, j'ai visionné samedi un documentaire choc diffusé sur ARTE - et donc visible encore quelques jours sur leur site de replay.
Une histoire de ces zoos humains qui ont propagé, à la fin du XIXème siècle et jusqu'à la fin de la Grande Guerre, des idées dramatiquement fausses sur les populations indigènes, "montrées" telles des monstres à la curiosité malsaine de visiteurs aussi naïfs que manipulés.
Et c'est sans doute là que réside la source du racisme ordinaire qui contamine encore aujourd'hui tant de citoyens naïfs.
Je connaissais cette pratique immonde de "rafles" de populations primitives, déjà évoquées par le musée du Quai Branly, des "spécimens" de peuples montrés tels des animaux dans des "Jardins d'acclimatation" et des cirques et expositions universelles, pour mettre à portée de vue des citoyens "lambda" ces civilisations dites "arrièrées". En fait, une forme renouvelée de l'esclavage, qui a ancré le concept, largement admis et hélas encore très prégnant, par les anthropologues de l'époque, d'une supposée hiérarchie des races humaines.
C'est un travail particulièrement sérieux, documenté d'images parfois insoutenables, issu du travail documentaire de l'historien Pascal Blanchard sur la construction sociale, économique et culturelle du racisme. Avec le commentaire dit par la voix d'Abd al Malik et les commentaires (entre autres) de Lilan Thuram et Benjamin Stora.
Un document qui incite à la réflexion : sans doute cette mise en scène avait-elle un but politique évident, celui de justifier la politique coloniale. Et sans doute aussi les "scientifiques" de l'époque pensaient de façon sincère que les différences apparentes de certaines populations restées isolées du progrès technologique étaient dues à des différences génétiques ... Mais nous savons où ces erreurs funestes ont conduit !
Cette notion de "races" reste hélas présente dans l'esprit des gens simples ou de tenants de l'extrême-droite, ces "petits blancs" dont la seule supériorité reste la pâleur de leur teint !
Comment - aujourd'hui encore - lutter contre ces idées reçues ? Comment ne pas être scandalisé par ces erreurs funestes qui conduisent à des réactions violentes, aujourd'hui meurtrières. Car les descendants de ces "artistes" involontaires restent profondément marqués par le destin de leurs ancêtres odieusement exploités par des managers de spectacles lucratifs et le plus souvent mortels ...
Ce documentaire donne une explication tragique. Il mérite d'être diffusé au-delà d'une chaîne à l'audience minoritaire !