"An bis sext, an de pest … "
Histoire de parler des grandes peurs des siècles passés ...
"An bis sext, an de pest ", ainsi murmurait ma grand-mère maternelle Giuseppina – qui françisa son prénom en Josépha – elle qui ne savait ni lire, ni écrire, ni parler notre langue. Mais elle menait la barque familiale d’une main de fer : huit grossesses, quatre filles survivantes dont ma mère, née en 1913.
Comme la plupart des paysans piémontais, elle usait de nombreux proverbes. Ainsi à propos des années bissextiles, affirmait-elle que ces millésimes comportant un jour de plus ne pouvaient apporter que des malheurs. Une superstition remontant à l’époque de la Rome antique.
En ces temps-là en effet, l’année nouvelle commençait le 1er mars et les derniers jours de l’année se situaient donc en février. Tous les quatre ans, pour coller à l’année solaire, on ajoutait donc déjà un jour supplémentaire – en doublant le 6ème de ces derniers jours. (bis) (sextius). Très attachés aux oracles, les Romains craignaient ces années plus que les autres.
On ne devait ni déménager, ni changer d’emploi, ni se marier, ni lancer une nouvelle affaire, ni voyager, ni entreprendre la construction d’une maison. On prêtait à ces années dotées d’un jour supplémentaire des catastrophes naturelles, de mauvaises récoltes, des décès, des maladies, des épidémies (la peste, entre autres …), des guerres …
Naturellement, je ne suis pas sensible à ce type de superstition … Même si, en cette année 2020, nous subissons une pandémie ! (Euhhh, je l’avoue, je n’entame jamais un livre ni ne revêt pour la première fois un nouveau vêtement un vendredi, je fais des crêpes le jour de la Chandeleur et mange des lentilles le 1er janvier …)
Statistiquement, que s’est-il passé comme catastrophes précisément au cours des années bissextiles ? A part la débâcle de 1940, je ne vois pas bien.
En revanche, rien n’aura été épargné à notre jeune Président* avec cette pandémie survenant effectivement en 2020. En réalité, nous avons tous la mémoire courte et oublions très vite comment nous surmontons des crises, qui lors des siècles passés, auraient été des cataclysmes. Ce qui nous attend est tout de même une sérieuse crise économique.
Soyons calmes et mettons en valeur notre légendaire sens de la débrouille ... et surtout arrêtons de devenir parano !
*Et encore, il n’a pas eu droit, comme le18 février 1756, à un léger tremblement de terre ressenti à Paris … C'était une réplique du tremblement de terre dévastateur de Lisbonne survenu quelques mois auparavant et assorti d'un tsunami, très faiblement ressenti à Paris mais dont on retrouve des traces archéologiques jusqu'aux Antilles.