Pas de séjour en Lot-et-Garonne sans relecture de mes BD favorites
A l'occasion des multiples films diffusés en ce moment autour du 75ème anniversaire de la fin de la Seconde guerre mondiale, on ressort des images inédites des cinémathèques militaires et des documents jusque-là couverts par le secret.
C'est une mine de documents qui nous font comprendre combien, malgré les poussées de fièvre relativement localisées, notre monde pourtant si dangereux, n'est pas encore au bord d'un conflit majeur ...qui serait bien trop néfaste aux économies mondiales ! Combien aussi les conflits font progresser les technologies ...
Ce qui est passionnant, c'est de découvrir l'état des recherches militaires menées dans les derniers mois de la guerre et qui ont débouché sur des armes de destruction massive : l'arme nucléaire, bien entendu, mais aussi les progrès de l'aviation à réaction, comme cet étrange prototype d'aile volante qui apparaît dans l'oeuvre d'Edgar P. Jacobs (1904 - 1987) : les aventures de Blake et Mortimer. J'ai récemment appris qu'un modèle de ce type avait été conçu par un ingénieur français ...
J'avoue que la préscience d'un troisième conflit ouvert entre les puissances occidentales, très affaiblies à la suite de la guerre de 39-45, et un empire asiatique fantasmé - l'artiste nomme le Tibet mais chacun aura reconnu la Chine - me fascine. Jacobs n'avait pas vécu assez pour voir la fin de la Guerre Froide ...
Je viens de relire "Le bâton de Plutarque", un scénario conçu par les dignes successeurs de Jacobs - Yves Sente et André Juillard - paru en 2014. L'épisode se situe quelques jours avant le déclenchement du débarquement en Normandie. L'objectif des Alliés est de leurrer les Allemands et les Italiens en leur faisant croire à une concentration de sous-marins en Méditerranée. C'est donc une guerre de renseignements, de recueil et de décryptage de données, d'espionnage et de contre-espionnage. Les puissances de l'Axe, elles, veulent bombarder le Parlement de Londres pour décourager les populations - l'idée vient sans doute de l'attentat du 11 septembre. Bref, le scénario est très bien ficelé.
En tant que "préquelle", l'épisode permet de voir apparaître pour la première fois le personnage central, ennemi numéro 1 des deux héros : l'insubmersible "colonel" Olrik. On y apprend aussi comment Francis Blake, pilote émérite, est versé dans les services secrets et sur quel dossier ultra-sensible - celui de l'Espadon - travaille de physicien Philip Mortimer.
Je recommande donc ce premier opus pour commencer la série complète, en poursuivant l'aventure avec les trois épisodes suivants "Le Secret de l'Espadon".
Et puis, en tant que passionnée d'histoire, je ne peux m'empêcher de songer en ce jour aux massacres de la Saint Barthélémy ...