Les Impressionnistes à Londres, artistes en exil (1870 - 1914)
La guerre franco-prussienne de 1870, puis l’épisode de la Commune de Paris et les destructions de la « semaine sanglante » auxquels nombre d’artistes ont directement participé et sont désormais proscrits ont conduit de nombreux artistes à se réfugier outre-Manche.
D'autres artistes réfugiés économiques cette fois car la clientèle française n'est pas en capacité d'acheter en ces temps troublés, vinrent rejoindre leurs rangs, guidés par l’idée que le marché de l’art y était plus porteur.
Pour certains, ce ne fut pas le pactole, même s’ils rencontrèrent de célèbres galeristes ou purent enseigner leur art (même en français dans le texte exclusivement).
Mais ce ne fut pas tellement le cas pour Claude Monet qui, à 30 ans, préfère éviter la conscription et vient à Londres avec sa jeune compagne. Dalou, Courbet sont plus directement menacés.
Il y a aussi des peintres ouvertement anglophiles comme James Tissot – qui a adopté un nouveau prénom alors qu’il s’appelle Jacques-Joseph – et dont on découvre ici un grand nombre de toiles, très conformes au goût anglais, pleines de couleurs et de jolies toilettes : Le bal sur le pont, le portrait de l’impératrice Eugénie et de son fils dans une belle harmonie de feuilles rousses …
Ces artistes vivent et travaillent, découvrent de nouveaux paysages, en exil comme jadis les nobles à Coblence durant les années révolutionnaires, mais leur séjour durera beaucoup moins longtemps car des lois d’amnistie vont rapidement leur permettre de revenir.
Ils forment une communauté vivante, se laissent influencer au contact des artistes britanniques, apprennent.
Ils se portraiturent les uns les autres : Rodin par Legros, la famille Dalou ...
Carpeaux continue à louer son protecteur Napoléon III et écrit :
"Tous les jours que j'ai passés dans ce pays m'ont paru bien tristes et bien longs, pour ne pas dire pénibles car j'étais de coeur et de pensée avec ce pauvre Paris si horriblement ravagé par les Prussiens."
L’exposition ne recèle pas de chef-d’œuvre majeur, mais donne à voir des tableaux peu montrés ou dispersés.
J’avoue avoir découvert un peintre très productif comme Alphonse Legros, on perçoit la mode des peintres préraphaëlites comme Millais …
On apprécie plusieurs toiles de Whistler dont l'une me semble très influencée par l'art de l'estampe japonaise.
Les deux dernières salles sont superbes avec les jeux de lumières sur le palais de Westminster vu depuis la chambre de Monet, revenu à Londres et enfin reconnu à sa juste valeur.
Et puis, en mode « défi » les couleurs éclatantes d’André Derain et sa version de Big Ben …
Les Impressionnistes à Londres, artistes français en exil (1870 - 1914) au Petit Palais – fermé le lundi – 13,5€, jusqu’au 14 octobre.